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Libres propos sur le

pratique homéopathique

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            La méthode homéopathique impose au praticien la comparaison de deux groupes de symptômes. Tout d’abord, ceux du patient, ce qui suppose le préalable de l’observation clinique avec les pièges et les difficultés de l’interrogatoire, toujours imparfait, incomplet, même si l’on suit un plan précis. Le patient a tendance ou bien à en rajouter, ou bien à ne rien dire, ou pas grand chose. Chacun de nous évoque à ce sujet la profusion de symptômes, réels ou supposés, livrés en vrac avec un luxe inouï de détails plus ou moins utiles, de LACHESIS. A l’opposé du mutisme de NATRUM MURIATICUM ou de SEPIA, chez lesquels il faut « arracher » des réponses, toujours laconiques. Nous avons aussi le souvenir d’une patiente qui avait méticuleusement noté l’histoire de sa maladie depuis plusieurs années dans un ordre chronologique parfait, avec le nom et l’adresse des médecins consultés, les traitements proposés et suivis, les effets secondaires. Le tout noté sur des feuilles réunies par du papier collant et formant une sorte de livre, avec pliage en accordéon ! ARSENICUM ALBUM a fait merveille !


            Ensuite, il y a les symptômes collectionnés dans les matières médicales, provenant de ses trois sources = pathogénésies, toxicologie et expérience clinique. Nous avons souvent souligné le décalage entre la précision de ces symptômes, bien définis par des modalités et des sensations bien décrites, alors que le patient reste souvent dans le vague, aussi bien sur ce qu’il éprouve que sur l’horaire et les modalités. Si les répertoires décrivent plus de 50 types de douleurs, notre expérience  personnelle montre que nos patients ne peuvent en exposer que deux ou trois ! Comment peuvent-ils faire la différence entre une douleur pénétrante, creusante, forante, térébrante, etc… ? Et le plus curieux est qu’à chaque rubrique, le répertoire donne des listes différentes !


            Ceci explique pourquoi dans certains cas la consultation est rapide et le traitement efficace = il suffit de deux ou trois symptômes bien précis chez le malade pour individualiser son médicament. Et dans d’autres cas, la consultation s’éternise en raison de la confusion des réponses, leur manque désolant de précision, et le traitement n’est pas couronné de succès faute d’une individualisation suffisante.  Nous en sommes alors parfaitement conscients et cette confusion impose la prescription de plusieurs médicaments en espérant dans le meilleur des cas que le « bon », le simillimum se trouve dans la liste. Ou bien on peut espérer que lors de la deuxième consultation, voire la troisième, une lumière apparaîtra ! Si le patient vient à son rendez-vous car il peut être découragé par le premier échec, plus encore par le second.


            Il y a ensuite un autre problème concernant la symptomatologie = la banalité des symptômes révélés par le malade. La frilosité par exemple, même si elle se trouve limité au froid humide, est un symptôme banal que l’on retrouve dans des centaines de médicaments. Et si l’interrogatoire ne révèle que ce genre de symptômes, l’individualisation du simillimum s’en trouve d’autant problématique.


            Cet écueil n’avait pas échappé à HAHNEMANN tant il est inhérent à toute observation médicale et plus particulièrement à la méthode homéopathique. C’est pour cette raison qu’HAHNEMANN recommandait  de rechercher les symptômes les plus frappants, les plus singuliers, les plus étranges même, car la clef du succès dépend souvent d’eux, ou de l’un d’entre eux.


            Nous avons un cas clinique intéressant, même s’il ne concerne pas un symptôme étrange, mais seulement un signe rare n’appartenant qu’à un seul médicament.


            Il s’agit d’un homme de 69 ans, qui vient consulter pour une aphtose buccale très pénible perdurant depuis une dizaine d’années et qu’aucun traitement classique n’a pu guérir (ce qui est courant !). L’interrogatoire se révèle très décevant car tout semble normal chez cet homme = il se porte bien, il mange et digère bien, il dort sans problème, il n’a aucun souci, pas de maladies chroniques, il supporte tous les climats. Rien ! Si, tout de même, deux antécédents cancéreux, le dernier remontant justement à une dizaine d’années, traité par chimiothérapie. Cet homme est suivi régulièrement et il est considéré comme guéri de ses cancers. Il y a également un antécédent d’alcoolisme chronique dont le patient jure s’être amendé il y a près de vingt ans (mais qu’il a avoué après bien des réticences !). Les aphtes sont très douloureux, d’aspect tourmenté, fréquents, invalidants. Cette absence d’une symptomatologie précise évoque SULFUR, mais les caractéristiques de l’aphtose incitent à rechercher un remède plus lésionnel, un acide en l’occurrence et logiquement nous pensons à SULFURIC ACID. Cependant, il convenait de retrouver au moins un ou deux  signes de cet acide. Après maintes questions, une sensation est enfin révélée = la sensation d’une toile d’araignée sur le visage. Vérification dans le Répertoire de Kent = SULFURIC ACID possède bien cette sensation au degré moyen, SULFUR au degré faible. Mais c’est encore un peu « juste » pour prescrire cet acide. Et le questionnaire reprend, laborieux. Au bout d’un long moment, une précision jusque-là omise, apparaît = ce brave homme ne digère pas le concombre, qui provoque des renvois tout l’après-midi ou longtemps après le repas. Nouveau recours à PCKENT = un seul médicament possède ce signe => SULFURIC ACID.           


            La prescription a été la suivante = SULFURIC ACID. 7 CH deux à trois fois par jour dès la sensation que les aphtes vont apparaître et aussi longtemps que dure la poussée. SULFUR 15 CH, une fois par semaine entre les poussées. Le résultat a été rapide, se maintient après un an de recul.


            Bien longtemps après, un article est revenu à notre mémoire et facilement retrouvé dans notre base de données = « Traitement des ulcérations buccales survenant au cours de chimiothérapies anticancéreuses chez l’enfant » de J. JOBERT et C. BACHELOT, dans l’Homéopathie française – 1986 n°4.  Cette étude clinique a été réalisée chez des enfants cancéreux et en cours de chimiothérapie. Elle conclut à l’efficacité étonnante et constante de SULFURIC ACID. dans cet effet secondaire, au point que les auteurs préconisent ce médicament en première intention chez ces jeunes malades, sans même individualisation et même à titre préventif. Il est fort probable qu’il en aille de même chez l’adulte.       


            Avant de développer davantage notre sujet sur les symptômes bizarres, il convient de profiter de l’occasion pour dire ou rappeler quelques précisions sur SULFURIC ACID. Ces rappels ont naturellement pour premier but de rappeler ce médicament mais aussi pour dire à nouveau qu’il ne faut pas s’attendre en pratique quotidienne à retrouver la totalité de la matière médicale chez le même patient, heureusement pour lui. Car SULFURIC ACID. se trouve souvent indiqué lors de troubles graves, ce qui est le cas de nombreux acides, du fait de leur action caustique et lésionnelle. Ne pas oublier que SULFURIC ACID. est le vitriol !. On le trouve indiqué chez le cachectique très atteint ou chez l’alcoolique invétéré et présentant une atteinte digestive importante. On le trouve encore lors de syndromes toxi-infectieux graves avec prostration intense, adynamie, dépression physique et mentale, ulcérations nécrotiques des muqueuses atteintes, tendance hémorragique passive, etc… Or, ces pathologies ne se rencontrent tout de même pas très fréquemment en patientèle ambulatoire du cabinet dentaire. Il faut même rappeler que les indications de certains médicaments homéopathiques  dans les toxi-infections graves remontent à un temps que les moins de 70 ans ne peuvent pas connaître. Il ne viendrait à l’esprit d’aucun médecin homéopathe responsable d’entreprendre ces traitements uniquement par homéopathie, en privant les malades de médicaments chimiques efficaces.

            

            SULFURIC ACID. convient également à des troubles digestifs moins graves = dyspepsie avec brûlures de l’œsophage et de l’estomac, sensation de ptose, de délabrement et des vide à l’estomac, peu ou pas d’appétit (sauf pour les fruits frais, en particulier les prunes !), soif vive surtout pour des boissons alcoolisées (pas pour l’eau, surtout froide qui aggrave tous les troubles gastriques !), hoquet fréquent et surtout des éructations acides et des vomissements aussi acides qui agacent les dents.


                        

            Il s’agit bien là d’une illustration du décalage possible, et fréquent, entre une matière médicale inquiétante et une situation clinique banale. Ceci est classique en homéopathie. Qui attendrait que les signes de PYROGENIUM soient présents pour le prescrire ? De même, toute la stratégie préventive en homéopathie repose sur la prescription précoce des médicaments à partir de signes encore discrets chez le patient, donc réversibles (sinon où serait la prévention ?).

  

            Dans la grande majorité des cas cliniques rencontrés en pratique quotidienne, il faut admettre que les signes présents sont le plus souvent banals. Ce qui  explique les difficultés de la prescription et donc le résultat thérapeutique. Souvent, le diagnostic lésionnel permet une prescription de première intention basée justement sur cette similitude lésionnelle, avec parfois des résultats décevants, mais pas toujours (intervient ici la notion de réversibilité du processus lésionnel).  Dans une affection aiguë locale, il est logique que les symptômes locaux soient au devant de la scène, mais ils sont surtout pathognomoniques de l’affection et donc insuffisants pour l’individualisation homéopathique. La paresse entraîne une prescription de routine, sans chercher plus loin une modalité ou le signe curieux et inhabituel, qui d’ailleurs peut très bien ne pas exister. Par exemple, depuis HAHNEMANN, des générations de médecins homéopathes ont prescrit en alternance Mercurius solubilis et Belladona dans une angine aiguë, avec de bons résultats dans environ 80% des cas. Alors pourquoi se casser la tête, surtout pour 115 francs la consultation ? Pour les 20% des cas restants, il suffit d’attendre l’évolution spontanée de l’affection, en priant pour que des complications ne se produisent pas. On prescrit aussi très souvent Mercurius solubilis dans n’importe quelle forme de gingivite ou dans une poussée d’aphtose, non pas sur la similitude des signes pathogénétiques, mais sur ceux pathognomoniques de l’affection. Avec des résultats relatifs, parfois nuls. Pourtant, il suffit de quelques questions et surtout de quelques réponses précises pour individualiser le médicament correct. Face au même tableau clinique, les modalités d’aggravation par les boissons chaudes ou froides suffisent souvent à distinguer Mercurius solubilis d’Arsenicum album.  En pratique bucco-dentaire, cela ne prend pas beaucoup de temps car les médicaments éventuels sont peu nombreux.


            Cette pratique paresseuse reposant sur une prescription un peu systématique sur les signes pathognomoniques porte un nom = le « spécifisme », néologisme utilisé par HAHNEMANN et par son proche collaborateur JAHR. Bien entendu, ces deux auteurs éminents condamnaient cette méthode, car contraire à l’esprit homéopathique de l’individualisation. Mais cependant, « ils reconnaissaient que dans certains cas limites, en l’absence d’une certitude étiologique et lorsque les symptômes caractéristiques individuels font défaut, il était licite de recourir à titre d’essai aux médicaments dits spécifiques de la lésion » (D. Demarque, « Techniques homéopathiques »  - Boiron 1989, page 21).


            Ceci ne justifie pas pour autant la prescription systématique, encore faut-il avoir recherché ces symptômes caractéristiques individuels, avant d’affirmer leur absence !


            En pratique, on bute parfois sur l’obstacle de la cause déclenchante que l’on ne trouve pas. Nous pensons là à un cas de névralgie faciale qui a résisté à tous les traitements chimiques et homéopathiques, pendant des années. Jusqu’au jour où un « naturopathe » a affirmé que la cause était la dent de sagesse supérieure gauche et qu’il était nécessaire de l’extraire. Rien ne venait étayer cette assertion d’une manière objective. Mais l’insistance très pressante du patient  a conduit à l’avulsion de cette dent et aussitôt, la névralgie faciale a totalement disparu ! Pourtant, ce patient a subi des dizaines d’examens et d’investigations, a consulté des spécialistes (neurologue, occlusodontiste, ORL, stomatologiste, etc…). Personne n’a accusé cette fameuse dent. Pourtant, le résultat était là pour confirmer le diagnostic du naturopathe, à moins qu’il ne s’agissait que du hasard !


            Des cas semblables, n’importe quel praticien en a à son passif, sans que l’on puisse dire pour autant qu’il a commis une faute ou qu’il a cédé à une paresse intellectuelle passagère. Nous revient à la mémoire une réflexion du Dr Jean QUENOT, médecin homéopathe réputé de Lyon. Il nous confiait : « Quand je suis en pleine forme, je fais de l’homéopathie. Quand je suis fatigué, je fais de l’allopathie » !  Ce n’était qu’une boutade car dans le cas de la névralgie faciale ci-dessus,  les médicaments allopathiques avaient aussi échoué, mais leur prescription était plus facile !  Tout simplement parce que la cause n’avait pas été décelée et qu’elle ne pouvait pas l’être par les moyens « classiques » pourtant éprouvés. Comme quoi, il faut rester modeste et conscient que personne ne domine tous les aspects de la médecine. Il faut aussi se garder de rejeter par a apriorisme toute méthode non orthodoxe. Seul l’intérêt du malade prévaut. Alors qu’en médecine « classique », le diagnostic décide du traitement, plus ou moins standardisé, on ne consulte pas le Dictionnaire Vidal comme on peut le faire d’une Matière médicale homéopathique. Selon l’heureuse formule du Dr Barbier : « L’homéopathie, c’est de la haute couture, l’allopathie du prêt-à-porter ». Ceci étant énoncé sans mépris pour la médecine classique, très souvent indispensable.


                                                                                                                            

            Il faut le dire ou le redire, ces symptômes dits curieux ou bizarres ne sont pas systématiquement présents chez les patients ou malades. Ils sont même assez rares. Mais si l’on a la chance d’en découvrir un, le choix du remède simillimum s’en trouve très largement facilité.


            Dans un excellent livre, plein d’anecdotes et d’humour, le Docteur Pierre BARBIER11 P. BARBIER : Homéopathie – petits remèdes retrouvés » Maloine 1994. (1916-2002) décrit un grand nombre de petits remèdes individualisés par un signe bizarre ? « C’est souvent dans ce que les médecins allopathes considèrent comme du superflu, que nous trouvons les indications de nos remèdes, à condition de savoir en tirer parti ».

DES SYMPTÔMES BIZARRES, CURIEUX, ETRANGES

            Combien de fois n’avons-nous pas entendu l’un de nos patients dire à propos de telle sensation ou de tel signe curieux : « Je l’ai dit au Docteur précédent, mais il m’a dit que cela n’avait rien à voir avec mes troubles »Quelle erreur, certes involontaire de la part de nos confrères allopathes ! Car si telle sensation n’a réellement rien à voir avec une affection précise, si elle ne peut être classée parmi les symptômes pathognomoniques,  elle témoigne tout de même de la personnalité du patient, de sa manière tout individuelle de réagir, même si pour l’instant, nous ne pouvons l’expliquer. Pour revenir à notre précédent patient atteint d’une aphtose récidivante, il avait la sensation d’une toile d’araignée sur le visage. Quelle peut en être l’explication scientifique ? Elle n’a sans doute strictement rien à voir avec l’aphtose buccale. Mais c’est l’un des paramètres de notre patient. On doit en tenir compte, d’autant plus que le répertoire ne donne qu’une dizaine de médicaments qui ont cette sensation. Si l’on ne peut mémoriser tous les signes, symptômes, sensations, modalités de nos médicaments, il nous reste le secours de l’informatique. Toujours dans notre cas cité, il a suffit de quelques secondes pour apprendre qu’un seul médicament avait l’aggravation par le concombre, que ce même médicament est l’un des principaux remèdes des ulcérations buccales, qu’il a par ailleurs la sensation de toile d’araignée sur le visage. C’est bien de la haute couture, non ? Et en plus, comme la cerise sur le gâteau, il y a l’étude publiée sur l’action bénéfique de SULFURIC ACID. dans les ulcérations buccales post-chimiothérapiques.

          

            Hélas, on n’a pas toujours un signe curieux à se mettre sous la dent ( !). Mais peut-être ne le recherche-t-on pas avec perspicacité ?  Car, il y a parfois des signes qui sont des sonnettes d’alarme, des signes d’appel que l’on a sous les yeux. En voici un exemple proposé par Pierre BARBIER. « Ludovic, 14 mois, en est à la 19° paracentèse. Première otite à 5 mois. Puis otites à répétition, une fois par semaine, malgré tous les traitements scrupuleusement suivis, sa mère étant infirmière dans un hôpital parisien. De plus, il présente des bronchites asthmatiformes, avec des poussées de fièvre à 40° sur un fond de température de 37°5 le matin et 38° le soir depuis des mois. C’est un petit psorique très frileux. Et une chose me frappe : sa maman a observé que la veille d’une otite, il était particulièrement dynamique et en bonne santé. C’est un signe de PSORINUM ».   C’est tout de même un signe curieux, non ? Si la maman l’avait signalé à un médecin allopathe, quel intérêt lui aurait-il trouvé ? Sans doute aucun. Mais dans la cervelle d’un homéopathe, un tel signe fait « tilt » !  Signalons en passant que NUX VOMICA a ce même signe, certes moins marqué.


oOo


            Nous avons maintes fois souligné le décalage entre la précision et l’abondance des signes de la matière médicale et la pauvreté des signes retrouvés chez un patient. Dans ces cas, nous cédons facilement à la tentation de prescrire le médicament qui nous semble indiqué par ce que paraît le patient et même le plus souvent certains proposent un cocktail de médicaments.


Voici un autre cas intéressant. Nous avons le souvenir d’un patient qu’une quarantaine d’années, venant consulter pour des aphtes et une gingivite hémorragique. C’était un cadre surmené, irascible et coléreux. NUX VOMICA vint à l’esprit. Mais on ne retrouvait pas d’une manière indiscutable les signes habituels, surtout digestifs, de ce médicament. Je cherchais à confirmer mon impression par au moins quelques signes tels que le désir d’alcool, de café, de bière, de stimulants, la constipation si caractéristique, etc… Mais rien ne ressortait de l’interrogatoire sauf, finalement et presque par hasard = il aimait bien la bière mais il n’en buvait pas car elle lui semblait avoir un goût d’herbe ! Tout en me demandant comment on peut savoir quel goût peut avoir l’herbe (faute d’en avoir goûté moi-même !), je manipule l’ordinateur et en quelques secondes, j’apprends qu’un seul médicament possède cette dysgueusie curieuse = NUX VOMICA ! A posteriori, on peut en conclure que ce patient était au tout début de sa « carrière » de psorique décompensé, ce qui explique la pauvreté de signes caractéristiques. Heureusement il y avait ce signe bizarre. Mais quoiqu’il en était, NUX VOMICA aurait été prescrit, uniquement sur une impression clinique. Et dans ce cas précis, ce médicament aurait sans doute donné un bon résultat car il était bien indiqué, le signe curieux s’il n’avait pas été mis en évidence, existait tout de même !

  

INTERET DE « PETITS » MEDICAMENTS EN

PRATIQUE BUCCO-DENTAIRE



            En pratique quotidienne, le dentiste se trouve confronté à des problèmes lésionnels = caries dentaires le plus souvent à différents degrés d’évolution, chirurgie dentaire, gingivale, parodontale, accidents d’évolution, traumatismes, etc…L’homéopathie peut rendre des services et les médicaments sont alors prescrits selon une méthode différente de celle habituelle. Il n’est pas question ou possible de procéder à chaque cas à une longue observation comme on le fait pour un cas chronique.


            Dans cette occurrence interviennent plusieurs facteurs. Le principal est le principe de la similitude lésionnelle qui guide le choix des médicaments et des dilutions. L’exemple le plus simple est celui d’ARNICA = indiqué dans tous les types de traumatismes et pour toutes les conséquences médiates ou immédiates. C’est sans aucun doute le médicament le plus facile à prescrire avec l’avantage d’une efficacité éprouvée.


            L’autre exemple est celui de HEPAR SULFUR dans les processus suppurés. Son seul (et vrai) problème est celui de la dilution = basse (3 ou 4 CH) pour favoriser l’élimination du pus (avec le problème du risque d’une fusée purulente inopportune) – 15 CH pour faire avorter un processus suppuré débutant – 7 CH dans les cas douteux.


            Toujours dans les cas de processus suppurés, on peut pratiquer l’alternance de deux ou trois médicaments. Bien sûr, certains « puristes » crieront au péché impardonnable = un seul médicament, une seul prise ! Et on attend ! Mais si le patient n’est pas soulagé rapidement ? Nous préférons dans ces cas-là associer un ou deux médicaments de suppuration = ECHINACEA ou PYROGENIUM par exemple.


            Il n’est pas question pour prescrire ces médicaments d’attendre la présence de leurs signes pathogénétiques. Pour ECHINACEA, on justifie la prescription sur la seule notion de « tendance à la suppuration » et si par hasard, le patient présentait une suppuration fétide, ce serait comme la cerise sur le gâteau.


            Pour PYROGENIUM, le signe principal est la discordance entre le pouls et la température. Signe sans doute curieux mais que l’on ne rencontre jamais en pratique bucco-dentaire. Et si l’on attend, dans ce cas encore, la réalisation de la pathogénésie, c’est au SAMU qu’il faudrait recourir. Sans doute ce médicament a-t-il sauvé de très nombreux malades mais c’était à une autre époque. Et l’expérience clinique montre son efficacité dans la pathologie infectieuse bucco-dentaire par sa prescription précoce sur la seule notion lésionnelle.


Autre cas clinique :


            Il y a des années, nous voyons une jeune fille, adolescente maigre, timide, frileuse, renfermée pour de nombreuses caries dentaires toujours compliquées d’abcès qui évoluent vers la chronicité. Les antibiotiques ont été souvent prescrits avec les résultats que l’on connaît. Personnellement, je ne refuse pas la prescription d’un antibiotique dans un problème aigu, tapageur sur le plan clinique, même si je propose d’abord un traitement homéopathique de première intention, l’antibiotique n’étant pris qu’en l’absence d’un résultat tangible dans les 4 à 6 heures. Mais, l’antibiothérapie dans une suppuration chronique ne semble pas utile. Bien entendu, les soins dentaires doivent être systématiquement réalisés et suffisent le plus souvent. Mais dans le cas présent, il s’agissait de proposer un traitement de fond pour mettre un terme à cette longue série de caries à répétition et d’abcès dentaires.


            Sans doute, cette malheureuse série ne se serait sans doute pas produite si un traitement homéopathique avait été prescrit à titre préventif, mais c’est un autre problème. Il ressortait de cette observation l’indication de NATRUM MURIATICUM car cette jeune fille était facilement anorexique et le reste cadrait bien = frilosité, céphalées, tendance dépressive. Mais j’ai négligé un point = la tendance anorexique, du moins je ne l’ai pas appréciée à sa juste valeur faute d’avoir insisté lors l’interrogatoire et les parents n’ont pas jugé utile d’en parler. Comme il est écrit dans tous les livres que NATRUM MURIATICUM et SEPIA sont les deux principaux médicaments de l’anorexie mentale chez l’enfant ou l’adolescent, je ne suis pas allé plus loin. Tout au long des séances de soins, je ne constatais aucune amélioration, du moins aucun changement notable dans le bon sens. J’ai donc ajouté SILICEA en 5 CH, deux fois par jour. Et comme encore une fois, la situation perdurait, j’ai mis cela sur le compte de la lenteur d’action de SILICEA. Jusqu’au jour où j’ai pensé à MICA. Et là, la situation a évolué rapidement et enfin dans le bon sens. C’est en pendant à ce cas précis que j’ai préconisé ce « petit » médicament dans mes cours et publications.


            MICA est un silicate double d’alumine et de potasse. Il est indiqué dans les gingivites chroniques avec atteinte parodontale, suppuration, hypersalivation, fétidité de l’haleine. Ma jeune patiente n’avait que des abcès dentaires, complications de caries délabrantes. Mais elle avait les autres signes de ce « petit » médicament = tendance dépressive, asthénie, désassimilation, et surtout l’anorexie mentale (trouve inutile de manger pour prolonger une vie sans intérêt ni plaisir), manque de chaleur vitale, sensibilité au froid.


            Rien ne peut laisser penser qu’une observation longue et minutieuse aurait permis de trouver ce petit médicament. Et sans doute encore moins une recherche répertoriale, notamment informatisée, qui donne le plus souvent la priorité à des médicaments d’action plus profonde, car ils ont beaucoup plus de signes ou symptômes.


            Comment expliquer l’échec relatif de NATRUM MURIATICUM ou de SILICEA, pourtant médicaments d’action éprouvée et fidèle ?  En tout cas, MICA a été le déclic favorable. Et sa prescription a été faite sur une réflexion clinique, un peu en désespoir de cause. Ce qui ne retire rien à son efficacité. Et j’ai été conforté dans ma conviction lorsque des années plus tard, en 1994 pour être précis, j’ai pu lire dans le livre déjà cité de Pierre BARBIER : «  Il faut insister sur le désespoir de MICA chez qui l’on peut considérer l’anorexie comme une forme de suicide. MICA m’a été très utile dans des formes avancées d’anorexie mentale où l’on trouvait un corps refroidi, un ralentissement du cœur, une peau atrophique, une grande asthénie. Il faut absolument y penser étant donné les grandes difficultés qu’il y a à traiter les anorexiques, d’autant que SEPIA, NATRUM MUR. Et d’autres n’ont pas toujours l’effet recherché. La prescription de MICA sera affermie par d’autres symptômes comme la présence d’une peau rugueuse, d’une gingivite chronique fétide » (page 46).

Autre cas clinique :


            Répétons une fois encore combien certaines observations sont décevantes car on ne trouve pas de signes précis ou dans d’autres cas, on déplore une multitude signes mais si vagues, parfois farfelus qui désoriente le praticien.


            Il y a des années, je reçois une femme d’une soixantaine d’années qui vient consulter pour une brûlure du bout de la langue, pire à gauche. L’examen buccal est décevant, on note tout au plus une bouche pâteuse le matin. Mais ce qui frappe est la cancérophobie, elle est persuadée d’avoir un cancer que personne n’est capable de diagnostiquer, ce qui l’angoisse à l’évidence. Après de nombreuses questions, les réponses manquent de précision. La notion d’un deuil récent, la glossodynie à type de brûlure, la latéralité gauche, la tendance obsessionnelle, le pessimisme conduisent à la prescription de THUYA. Sans résultat au bout d’un mois. Une qualité qu’il faut reconnaître à cette brave dame est sa persévérance, car elle revient consulter malgré les échecs, sans doute expliquée par sa crainte d’un cancer imaginaire. Sont tentés en vain IGNATIA, puis MOSCHUS. Et puis un jour, à la énième consultation, elle finit par dire qu’elle a quelques troubles digestifs dus à une verminose. Et puis, à force de chercher et s’insister, je prends conscience qu’elle a en réalité, une très nette tendance à exagérer ses troubles. La cancérophobie liée ici à une brûlure de la pointe de la langue m’avait orienté vers THUYA. A tort. Mais le répertoire informatisé AIDE-HOMEO a donné la solution en quelques secondes = SABADILLA. Ce n’est pourtant pas un médicament habituel en stomatologie. Depuis la prise de ce médicament, la brûlure linguale a disparu !


            Une remarque en passant à propos des programmes informatiques. Habitué à AIDE-HOMEO pour l’avoir profondément enrichi de remèdes et de symptômes, il m’a fallu quelques secondes pour trouver SABADILLA. J’ai « sélectionné » = brûlure à la pointe de la langue + Vers (tendance aux) + exagère ses symptômes. C’est tout. Un seul médicament = SABADILLA, confirmé ensuite par une matière médicale. Il m’a fallu beaucoup plus de temps avec PCKENT récemment pour confirmer ce choix (je ne disposai pas de ce programme au moment de cette observation). Et encore je savais ce que je cherchais. Comme quoi, un répertoire informatisé n’est pas toujours d’un usage commode. Et dans le cas présent, « exagère ses symptômes » n’existe pas, il faut voir à « Agitation anxieuse ». Encore faut-il le savoir et est-ce la même chose ?


Quelques commentaires sur HEKLA LAVA :


            Il s’agit de la lave d’un volcan sur le  Mont HEKLA en Islande. Des esprits perspicaces ont constaté que les moutons paissant sur les flancs  du volcan, et donc avalant des cendres, présentaient des lésions bucco-dentaires correspondant à ce que l’on appelait autrefois la « pyorrhée alvéolo-dentaire ».


            Il n’y a pas de pathogénésie proprement-dite mais une somme d’indications cliniques reposant sur la similitude lésionnelle et sur la pratique médicale. D’où la constatation d’une action sur le tissu osseux, pas seulement alvéolaire = exostoses, tumeurs osseuses, ostéites avec des locations au niveau des os de la face, de la tête, de la mastoïde, des maxillaires, des jambes (dont le talon et le tibia). Les dents sont également concernées = caries douloureuses, névralgies d’origine dentaire, abcès d’origine dentaire par suite de caries, gingivite chronique avec tendance à la suppuration chronique, aux fistules. Robert SEROR11 « Homéopathie française » 1982 – n°9 cite deux cas cliniques d’épine calcanéenne guéris par HEKLA LAVA. Il cite aussi des observations d’exostoses.


            Enfin, HEKLA LAVA produit des tuméfactions au niveau des os, du tartre dentaire, des tumeurs mixtes de la parotide, des polypes, des manifestations scléreuses.


            HERING propose une étude détaillée dont nous retenons ici les signes buccaux et dentaires = odontalgie avec tuméfaction des mâchoires, alvéolite très douloureuse, dentition difficile chez les enfants rachitiques ou « scrofuleux », caries douloureuses, névralgies faciales, sinusiennes. HERING et d’autres auteurs signalent une action précise sur la canine supérieure avec des phénomènes réflexes douloureux, notamment au niveau de l’œil (c’est la « dent de l’œil » !). Enfin, HEKLA LAVA joue un rôle dans les troubles de la croissance osseuse, dont le rachitisme et ses conséquences.

  

            Voici donc un médicament très centré sur la dent et l’appareil bucco-dentaire. Malgré une pathogénésie essentiellement clinique, il est possible de dégager quelques conseils d’utilisation. Il ne faut pas prescrire HEKLA LAVA lors de n’importe quelle alvéolite ou gingivite suppurée. Le tropisme osseux et l’indication dans le rachitisme ciblent son action sur des sujets déminéralisés, polyganglionnaires, présentant une lourde pathologie bucco-dentaire. Les complémentaires de fond sont à l’évidence SILICEA mais sans oublier FLUORIC ACID. ou même deux CALCAREA = FLUORICA et Phosphorica. Il serait efficace dans le traitement des ostéophytes (becs-de perroquet).


            Il est logique de le donner en 3 ou 4 CH, deux à trois fois par jour dans les processus suppurés. Comme sa « matière médicale » est tout de même limitée, il n’est pas utile de le donner en plus haute dilution dès lors que la suppuration a cessé. Le relais est alors pris par les remèdes de fond cités.


Un autre point mérite un commentaire :


            Beaucoup d’auteurs depuis HAHNEMANN insistent sur l’intérêt des signes bizarres, curieux, étranges et donc le plus souvent très rares pour l’individualisation du simillimum. Et nous-même défendons cette assertion.


            Cependant, il arrive que l’obstination sur la recherche d’un remède correspondant à un signe réellement étrange aboutisse à une impasse. Dans un ancien numéro des cahiers du groupement hahnemannien de Lyon (8° série), on trouve quelques observations cliniques portant sur des signes rares. Cet article n’est pas signé mais il semble être dû à Pierre SCHMIDT. Voici cette observation :


« Je vous ai peut-être raconté l’histoire de cet architecte qui était venu me voir parce qu’il avait la sensation d’une main collée sur l’omoplate et que personne n’avait jamais pu lui enlever. On se moquait de lui, on disait qu’il était un malade imaginaire, un hystérique, etc… Or c’était un monsieur très posé, d’une soixantaine d’années et il trouvait ces plaisanteries de mauvais goût. Je lui ai donné je ne sais quels remèdes, Chelidonium d’abord, bien entendu vu la localisation et tous les remèdes de cette région de l’omoplate car il n’avait pas d’autres symptômes et quant au reste il était très bien. Je lui ai administré tous ces remèdes hélas sans résultat. Il revenait à peu près tous les dix jours et me disait chaque fois en riant : « Docteur, j’ai toujours ma main collée sur le dos ! ».  A sa place au boute de trois mois, j’aurais changé de médecins, mais il revenait tout le temps.

            Il y a des malades qu’on aimerait mettre à la porte. Finalement j’ai regardé dans son œil que je n’avais pas examiné au début. Et j’ai trouvé un signe de traumatisme dans un de ses yeux. Et il se rappela alors qu’il avait fait autrefois une chute en arrière à la suite de laquelle il avait failli s’évanouir. Je lui ai donné ARNICA XM. La première prise n’a rien fait, mais j’ai attendu 15 jours et j’ai donné une deuxième prise à la suite de laquelle cette sensation a définitivement disparu, à mon grand soulagement et à sa reconnaissante satisfaction.

            Il faut être persévérant et se rappeler que l’étiologie est quelque chose de capital pour le choix du remède ! ».


            Il faut dire que Pierre SCHMIDT était un grand spécialiste de l’iridologie. Mais cette observation est intéressante. N’importe quel praticien se serait focalisé sur ce signe curieux, surtout lorsque la consultation ne montre rien de significatif.


            On peut vérifier dans le Répertoire, cette sensation de main collée sur l’omoplate n’est pas présente. Pas plus dans l’index des symptômes que dans les signes de ARNICA.


            Roland ZISSU nous a maintes et maintes fois enseigné que dans la hiérarchisation qualitative des signes et symptômes, ceux qui se rapportent aux circonstances étiologiques sont les plus hautement valorisés. Mais on ne les retrouve pas toujours, notamment quand la cause a exercé son action il y a des mois, voire des années, que le patient n’en a aucun souvenir, ni conscience. Ou encore parce que le praticien n’a pas posé les bonnes questions. Il n’est pas question de faire le moindre reproche à Pierre SCHMIDT. Qui aurait fait autrement ? A posteriori, il est facile de le dire. Et les échecs répétés imposent une réflexion et une recherche approfondie sur d’autres techniques. Ici, l’iridologie a été utile. Sinon comment aurait-on pu procéder ? Certes, il y a la technique de Jean ELMIGER qui reconstitue l’anamnèse chronologique de son patient en utilisant le pendule et retrouve ainsi des épisodes pathologiques ou des traitements chimiques oubliés par le patient.


            Une autre réflexion est que le médicament réellement indiqué peut faire disparaître des symptômes qui n’appartiennent pas à sa matière médicale.


            C’est là la troisième source de la matière médicale = l’enrichissement par l’ajout de symptômes observés et non présents dans les livres et leur disparition après la prise d’un médicament. Et lorsque plusieurs praticiens ont fait la même observation, les signes ainsi déterminés sont ajoutés à la matière médicale. Pour le cas présent, est-ce un signe bizarre d’ARNICA ou simplement une conséquence inexpliquée d’un traumatisme ? Quoiqu’il en soit, c’est ainsi que certains médecins homéopathes passent pour des sorciers !


            Nous avons plusieurs fois raconté dans nos bulletins un cas d’aphtose buccale qui remonte à une vingtaine d’années. Il s’agissait d’un quinquagénaire souffrant d’une aphtose récidivante depuis environ 18 mois. Plusieurs traitements ont été tentés en vain, même homéopathique. Finalement, son médecin homéopathe nous l’a adressé en désespoir de cause. Après avoir vainement cherché, nous avons posé enfin la bonne question qu’il aurait fallu poser au tout début. « Vous dites que cela fait 18 mois que vous souffrez de ces aphtes. Comment pouvait-vous être aussi précis ? ». C’était peu après le mariage de sa fille. Dans l’euphorie du repas de noce, deux convives ébréchés en étaient venus aux mains, il avait tenté de les séparer et avait reçu une chaise sur le crâne ! Perte de connaissance durant quelques minutes, 21 points de suture sur le cuir chevelu. Donc « suite de traumatisme crânien ». Le remède simillimum devenait évident = NATRUM SULFURICUM. Vérification et confirmation, les signes apparus comme discrets prenaient une grande valeur. Succès thérapeutique. Voilà comment se bâtit une réputation. Quelques semaines après, un de ses voisins de Nemours venait nous consulter pour un ulcère variqueux de la jambe et doit être encore indigné de notre refus de traitement. Son voisin lui avait pourtant fait tant de compliments !


            Malheureusement, toutes les consultations n’aboutissent pas au succès. Il y a quelques années, une « vieille fille » quinquagénaire est venue consulter depuis Pontoise. Elle devait traverser toute la région parisienne en bus et métro après son travail. Ce qui prouve qu’elle était motivée. Elle se plaignait d’avoir un « écoulement d’eau entre 13 et 14 dans la région vestibulaire. Malgré l’absence de la moindre carie, et à se demande, ces deux dents avaient été dévitalisées, le traitement étant parfait. Cette vieille fille était triste comme une SEPIA, mais ce dernier n’a rien donné. Et de plus, les signes révélés par l’observation manquaient de précision. Aussi, plusieurs médicaments ont été tentés successivement, notamment PULSATILLA, malgré l’absence des modalités thermiques. Nous avons pensé que sa demande de traitement pouvait signifier un besoin d’être prise en charge. STAPHYSAGRIA n’a rien donné non plus. Plusieurs cocktails de médicaments non plus ! Échec total et conseil de voir un psychiatre, mais conseil enrobé de bonne parole  pour ne pas la froisser. Précision = nous n’avons jamais vu cette eau couler de sa gencive ? Etait-ce une illusion ? Ce qui est sûr, c’est qu’elle exprimait une souffrance et nous n’avons pas pu y répondre.

  

Pierre SCHMIDT (1894-1987) rapporte une autre observation très curieuse et particulièrement intéressante. Certes, lui n’utilisait pas de répertoire informatisé mais connaissait le Répertoire de Kent presque par cœur ! Un jour, un patient vient le voir pour une toux particulièrement rebelle, ayant résisté à toutes sortes de traitements. La clé était : « Je ne tousse que lorsque je mange du pain ».


            Cette simple constatation a suffi à Pierre SCHMIDT et les questions qu’il a posé n’ont eu d’autres buts que de confirmer le remède correspondant = KALI CARBONICUM. Vous pouvez vérifier dans un répertoire, un seul médicament a ce signe, mais s’il s’agit de « pain noir », le remède est alors Phosphoric acid.


            Cette observation est intéressante car elle montre qu’en connaissant très bien la matière médicale, il n’est pas nécessaire de consacrer un temps fou.


            Pour terminer cette courte série, Pierre SCHMIDT raconte également un cas curieux, celui d’un patient qui avait la manie de compter tout ce qu’il voyait = les fleurs d’un papier peint, les fenêtres d’une maison et les carreaux des fenêtres, le nombre d’objets sur une table, etc.. au point d’en être obsédé. SCHMIDT ajoute n’avoir donner qu’une seule prise de PHYSOSTIGMA en M°K et le patient n’a plus compté ! SCHMIDT devait ignorer le livre de Boger (Additions to Kent repertory) qui ajoute Silicea. On ne peut qu’être surpris d’un tel résultat avec une seule prise d’un médicament tout de même loin d’être un polychreste ! Par ailleurs, PHYSOSTIGMA est le seul remède à posséder les signes « Peur de commettre des sottises dès le réveil » ou « Les objets lui semblent trop nombreux dans une pièce » (surtout s’il doit les compter, remarque personnelle !).

  

CONCLUSION (PROVISOIRE)


            En dehors des problèmes de pathologies aiguës courantes au cabinet dentaire et pour lesquelles le traitement homéopathique est assez facile, le traitement des pathologies récidivantes posent parfois des problèmes particulièrement difficiles à résoudre tant peut être compliquée l’équation de la similitude.


            Certes, il arrive parfois de démêler l’écheveau avec aisance. Nous pensons à un cas de syndrome de SLUDER que nous avons déjà décrit. Il n’a pas fallu longtemps pour trouver le traitement de la crise aiguë et le traitement de fond. Ce cas était lumineux et tout à fait conforme à ce qu’on lit dans les livres = éruptions cutanées supprimées, suivies d’une aphtose ayant perduré plus de 10 ans, puis ayant disparu spontanément mais suivie quelques semaines plus tard d’une algie vasculaire de la face, en l’occurrence un cas de Sluder.


            D’autres fois hélas, la solution homéopathique pose de très gros problèmes commençant souvent dès la consultation qui ne révèle que des signes ou banals ou très confus. Parfois, la cause originelle n’est pas retrouvée. Souvent encore, les patients ont déjà suivi de très nombreux traitements, surtout classiques, mais également homéopathiques, sans succès. Sans quoi ils ne seraient pas venus consulter un énième praticien !


            Heureusement, nous avons de temps en temps l’extrême satisfaction d’apporter une amélioration, voire une guérison. C’est bien là notre vocation.

  

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