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STAPHYSAGRIA CHEZ L'ADULTE

Tout ce qui précède permet de mieux comprendre la personnalité réactionnelle de STAPHYSAGRIA.  


            Chez l’adulte dominent les facteurs psychogènes qu’il est la plupart du temps très difficile de mettre en évidence au cabinet dentaire. La tendance à l’introversion rend délicate la consultation et l’interrogatoire. On ne peut attendre une grande compréhension de ces patients, de même que ceux qui répondent à NATRUM MURIATICUM ou à SEPIA. 


            Chez l’enfant dominent deux modes réactionnels, le mode tuberculinique et le mode luétique. Nous avons maintes fois insisté sur les mauvais effets sur la minéralisation des dents de la mise en œuvre simultanée de ces deux modes défavorables, dont la mélanodontie peut rendre compte éventuellement ou le signe dentaire majeur cité dans tous les ouvrages = dents cariées et noires, qui s’effritent peu après ou sitôt après leur éruption. Ces enfants deviennent adultes et offrent la même denture ayant subi de très nombreux soins conservateurs ou prothétiques. Cela signifie que ces deux modes réactionnelles se retrouvent chez l’adulte. Mais le mode sycotique est lui aussi souvent sollicité par le mode de vie, comme par exemple les infections génito-urinaires itératives et leurs traitements par des médicaments chimiques. Ou encore le mode psorique par une vie sédentaire déréglée aboutissant à une auto-intoxication chronique. Et enfin, chez l’adulte vont dominer très souvent les problèmes psychiques liés le plus fréquemment à la sexualité, mais sans exclusivité. C’est alors que STAPHYSAGRIA s’affiche en tête des médicaments de troubles psycho-somatiques. 


Pour quelles pathologies un ADULTE STAPHYSAGRIA consulte-t-il son dentiste ? 


            Voici d’abord les données brutes que donnent les Matières médicales : 

  


            Tous ces signes bucco-dentaires sont certes intéressants en eux-mêmes mais il est cependant nécessaire de les insérer dans leur contexte général, car ils sont partagés par de nombreux médicaments. D. DEMARQUE a noté à juste titre que le nombre et la banalité des symptômes de STAPHYSAGRIA rendent difficile son individualisation. Et c’est bien vrai, car il n’est pas aisé de mettre en évidence l’origine psychogène de certains de ces troubles du fait du comportement introverti de ce patient. 


            G. DEMANGEAT rapporte une observation très intéressante, ainsi résumée :  Une femme de 41 ans, employée des PTT, consulte pour une constipation opiniâtre et des douleurs gastriques. Elle a subi peu après son accouchement une cholescystectomie sans doute pour lithiase biliaire. Peu après est apparue une constipation sans besoins et avec selles dures qu’aucun traitement ni laxatifs n’ont pu maîtriser. Les douleurs gastriques ont été attribuée à un ulcère et traitées comme tel, sans succès. Un professeur de faculté affirme que ces troubles sont psycho-somatiques et propose du Calcibronat et du Sodothiol, traitement couronné d’un succès certain mais de courte durée. La patiente sombre ensuite dans une dépression, traitée par du Valium, entre autres. Et c’est ainsi qu’elle consulte le Dr DEMANGEAT qui note : « C’est une personne fort loquace, qui cherche visiblement le contact et recherche la sympathie. Elle aime son travail et s’entend avec ses collègues. Cependant son travail lui est très pénible, son chef est tatillon et désagréable. Il multiplie les vexations et il s’acharne particulièrement sur elle. De ce fait elle est mal à l’aise avec ses camarades qu’elle croit favorisées. Elle sait que c’est faux mais ne peut s’empêcher de le penser. Elle doit se contenir, mais elle est crispée, tendue. Elle a des crampes qui l’empêchent d’écrire à la main. Elle tape ses lettres de travers à la machine. Elle a eu pendant quelque temps un autre chef, tout allait mieux..., Elle est détendue à la maison, quand elle s’est calmée par une colère violente. Elle crie, essaie de se dominer, mais est constamment irritée et ne peut supporter le bruit que fait son fils en jouant de la musique pop ». STAPHYSAGRIA 15 CH, 3 doses à 21 jours d’intervalle et la malade revient quelques semaines plus tard : « radieuse et confiante plus que jamais ». 


            Voilà donc la clef des troubles de STAPHYSAGRIA chez cette malade. Ses troubles fonctionnels étaient d’origine psycho-somatique, ce qui explique que tous les traitements classiques aient été sans effet. Il en aurait été de même avec des médicaments homéopathiques choisis sur la symptomatologie locale. 


            On peut voir de la même manière des patients venir consulter pour des douleurs dentaires ou pour une gingivite banale. La suppression des causes éventuelles (traitement des caries, détartrage, etc...) n’entraîne pas d’amélioration, ou alors de manière passagère. On peut voir des cas semblables chez des patients qui commencent à réagir sur le mode sycotique et qui sont devenus sensibles au froid humide qui déclenche et aggrave des douleurs dentaires. Dans le cas de STAPHYSAGRIA, c’est un problème psychique qui explique les troubles locaux et le chirurgien-dentiste n’est pas toujours bien placé pour le déceler. Et cela rappelle une règle méthodologique bien décrite par HAHNEMANN, celle de la nécessité de la « totalité des symptômes », ainsi que la règle de la hiérarchisation qualitative des symptômes qui place au premier rang les « circonstances étiologiques ».

Il existe une forme de carie dentaire qui signe Staphysagria chez l'adulte ! 


   On retrouve là la forme de carié évoquée plus haut = Cette forme n’a plus rien à voir avec celle décrite dans les Matières médicales. Il s’agit d’une lésion carieuse qui évolue très lentement, sans manifestation douloureuse et qui se présente avec une dentine réactionnelle noire ou brune très dure. La carie provient sans doute d’une mauvaise minéralisation de l’émail, la dent s’effrite alors mais la réaction pulpaire entraîne l’élaboration d’une dentine secondaire très dure et de couleur sombre.


NB = il serait très intéressant de conduite une étude sur l'indication éventuelle de Staphysagria dans la prévention et dans la stabilisation des mylolyses.

 

ASPECTS DIATHÉSIQUES DE STAPHYSAGRIA

CHEZ L’ADULTE 


            Comme on l’a vu au début de ce texte, l’action toxique de STAPHYSAGRIA se manifeste en de nombreux points d’impacts, ce qui peut expliquer que ce médicament n’appartienne pas à un seul mode réactionnel, mais à plusieurs, voire aux quatre. C’est donc de ce fait un « remède satellite » complémentaire d’autres médicaments de fond, plus impliqués dans tel ou tel mode réactionnel. Ce qui offre autant de tableaux cliniques différents, ce qui rend compte aussi de la complexité clinique. 


            Alors que les mode tuberculinique et luétique dominaient chez l’enfant déminéralisé et/ou rachitique, ce sont les modes psorique et sycotique qui vont s’exprimer avec le plus d’éclat chez un adulte devenu progressivement « Staphysagria ».   

  

STAPHYSAGRIA et le mode réactionnel psorique : 


            On retrouve parmi les circonstances étiologiques de ce médicament le mode de vie sédentaire avec ses erreurs hygiéno-diététiques et notamment des abus de viande et le tabagisme. On trouve également les suites de suppression = condylomes, éruptions, transpiration, etc...Dans ce contexte étiologique du mode psorique, il n’est pas étonnant de voir surgir l’indication de LYCOPODIUM, médicament très proche de STAPHYSAGRIA. Ce rapprochement est d’autant moins surprenant que parmi les facteurs étiologiques du mode psorique, il y a certes les causes hygiéno-diététiques communes à ces deux médicaments mais également les conséquences des stress psychiques, souvent oubliés et dont ces deux médicaments rendent bien compte. Dans le programme informatique AIDE-HOMEO, enrichi par nous, si l’on sélectionne les 8 signes suivants : Suite de sédentarité + Suite d’humiliation + Suite de vexation + Colère violente + Colère avec chagrin silencieux + Colère avec indignation + Colère rentrée + Suite de tabagisme = deux médicaments « sortent » avec les mêmes coefficients de valeur è LYCOPODIUM et STAPHYSAGRIA.


            Comme nous l’avons souligné très souvent, les distinctions entre médicaments à partir des signes précisés dans la Matière médicale semblent aisées ou évidentes parce que ces signes ou symptômes sont bien définis, valorisés par des modalités elles-aussi très précises. Mais la clinique se montre beaucoup plus nébuleuse, et d’autant plus que nos patients ne sont pas toujours « malades », ce qui signifie que leur symptomatologie est souvent frustre et discrète et leurs modalités bien trop souvent floues. 


            Le point de départ de la décompensation de LYCOPODIUM est le foie, celui de STAPHYSAGRIA est la frustration. C’est en cela qu’ils se distinguent, même si ensuite « ils font un bout de chemin  ensemble ». Ne jamais oublier que LYCOPODIUM est un sentimental hypersensible, qu’il le sait et considère cela comme une faiblesse qu’il masque par des colères ou un comportement autoritaire ou cassant qui peuvent le rendre odieux, ce dont il souffre. Mais il peut aussi camoufler ses colères en les intériorisant, de la même manière que STAPHYSAGRIA, ou encore comme SEPIA (curieusement ces deux derniers  médicaments ont des douleurs dentaires au moment des règles). 


            Il est peut être utile de souligner que les différents troubles suivent un itinéraire physio-pathologique différent. Alors que ceux de LYCOPODIUM commencent par l’atteinte hépatique et se répercute ensuite jusqu’au comportement psychique, alors que ceux de SEPIA débutent avec la congestion veineuse qui se localise au niveau du petit bassin pour troubler ensuite le comportement psychique, ceux de STAPHYSAGRIA trouvent le plus souvent leur origine dans le comportement et à partir de là se localisent au niveau de l’appareil génito-urinaire, ou de l’appareil digestif ou de la peau. Dans certains cas cliniques, il peut être aisé pour le praticien de distinguer ces médicaments, mais parfois la symptomatologie manque de précision et plus particulièrement au plan psychique car ce sont trois patients qui ne se confient pas facilement. On peut alors profiter de leur complémentarité. 

 

STAPHYSAGRIA et le mode réactionnel sycotique : 


            Plusieurs causes favorisent la mise en œuvre du mode sycotique. D’abord le blocage des éliminations, soit par surcharge, soit par erreur thérapeutique (suppressions, médicaments chimiques...). Depuis Roger SCHMITT, on connaît la formule « La psore c’est l’expulsion manu militari. La sycose, c’est la prison ». STAPHYSAGRIA va rejoindre THUYA par le blocage des échanges et la fixation des idées qui deviennent obsédantes. STAPHYSAGRIA va se focaliser sur des frustrations, des indignations, des humiliations ou vexations, souvent à partir d’une vie sexuelle qui ne le satisfait pas et somatise l’ensemble sur l’appareil génito-urinaire ou d’autres. On va donc retrouver les troubles chroniques et tenaces qui caractérisent ceux de THUYA, dont les mycoses génitales, puis les condylomes et les verrues. 


            Sur le plan odonto-stomatologique, la pathologie reste ce qu’elle est, c’est-à-dire banale en elle-même. Mais le contexte l’éclaire d’une lumière que seuls les homéopathes peuvent voir et comprendre.


  

EN CONCLUSION 


            STAPHYSAGRIA offre un exemple de remèdes dits poly-diathésiques. Entre l’enfant déminéralisé, asthénique, rachitique qui souffre de caries dentaires importantes et précoces et l’adulte frustré et introverti qui vient consulter pour des caries d’évolution lente et avec une dentine réactionnelle dure et de couleur sombre, ou pour une gingivite banale, il y a différents tableaux cliniques qui s’expliquent par la pluralité des points d’impact de cette plante toxique et qui reflètent la complexité de la réalité clinique. Aussi est-il tout à fait compréhensible que la praticien hésite parfois entre différents médicaments d’action profonde, selon la prédominance à un moment donné de tel ou tel mode réactionnel. 


            Il faut donner STAPHYSAGRIA assez longtemps du fait de la chronicité de ses troubles et de la pérennité de leurs causes, surtout psychogènes. Et surtout, il faut savoir l’associer à tel ou tel médicament de fond selon le contexte clinique.

 

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