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ANTOINE NEBEL

(1870-1954)



            Johan Anton, plus connu en France, sous le nom de Antoine NEBEL est né à Bâle le 7 juin 1870; il est à Lausanne le 17 juillet 1954


            Il fait ses études médicales à Fribourg-en-Brisgau et se passionne pour l’application thérapeutique de la botanique. C'est le Dr Grübenman, médecin homéopathe réputé de Saint-Grall,  qui lui explique les fondements de l’homéopathie. Puis il approfondit ses connaissances homéopathiques  auprès du Dr Alphonse Beck (1822-1902), autre médecin homéopathe réputé, à Monthey dans le Valais. On lui doit, entre autres, une étude approfondie de Mercurius cyanatus dans le traitement de la diphtérie.


            Nebel exerce d’abord à Montreux, puis comme directeur d’un sanatorium à Davos, avant de se fixer à Lausanne (photo), où il se constitua une très importante patientèle, ce qui lui valut l'animosité de certains médecins non homéopathes.


            A Davos, Nebel acquit une très grande expérience de la tuberculose et des tuberculeux, ce qui jouera un rôle capital quelques années plus tard.

            Sa connaissance de la matière médicale homéopathique et sa réflexion sur la méthodologie  lui attirent de nombreux auditeurs. Nebel a très peu écrit mais a développé un enseignement oral de premier plan, faisant de nombreux disciples. Avec certains d’entre eux, Bernard Arnulphy, J. Gallavardin, H. Duprat, A. Rouy, L. Vannier, il participe en 1910 à la création de la "Société des médecins homéopathes du Sud-Est de la France", transformée en 1937 en "Société Rhodanienne d’Homéopathie".  Nebel, il devient rédacteur de la revue "Le Propagateur de l’homéopathie". Aux dires de son fils Antoine (1900-1993), également médecin homéopathe, il n’aime pas écrire en "français fédéral" et ne publie qu'un seul livre "Les cycles d’évolution des parasites du cancer humain" (1932).


            Cependant, médaillé d’or par la Société Rhodanienne d’Homéopathie lors de son jubilé en 1952, il est "célébré comme l’un des dignes successeurs de Samuel Hahnemann pour le renouveau qu’il apporte à l’homéopathie = les constitutions minérales, le drainage, la diathèse du tuberculinisme, l’arbre généalogique des remèdes de fond, les signes objectifs, la construction de l’ordonnance avec un agencement sobre de médicaments... Toutes ces notions qui vont être intégrées, développées et enseignées à des générations de médecins homéopathes".

 

            Antoine NEBEL était un médecin homéopathe éminent. Il avait constaté comme les autres praticiens que le "type sensible" de certains médicaments d'origine minérale, essentiellement les trois sels de calcium = le carbonate, le phosphate et le fluorure, correspondait à trois types morphologiques. Le type sensible de CALCAREA CARBONICA correspond à un sujet bréviligne, trapus, lymphatique et lent dans toutes ses activités. Le type sensible de CALCAREA PHOSPHORICA correspond à un sujet longiligne, maigre, facilement anémique et fatigable, etc… Et enfin, le type sensible de CALCAREA FLUORICA correspond à un sujet de morphologie dystrophique, enclin aux hyperlaxités ligamentaires, un peu instable et aux réactions souvent imprévisibles.


             Pourquoi NEBEL a-t-il retenu particulièrement ces trois sels de calcium ? Sans doute parce que l'on pensait à l'époque qu'ils jouaient un rôle éminent dans l'ostéomorphogénèse, ce qui est certain pour les deux premiers, un peu moins pour le dernier, le fluorure de calcium. NEBEL propose alors une conception des constitutions humaines, basées sur la correspondance entre les types sensibles de trois CALCAREA utilisés largement en homéopathie et leur rôle respectif dans la croissance osseuse.


             NEBEL a également proposé une nouvelle interprétation des maladies chroniques de HAHNEMANN, les "miasmes" obsolètes étant remplacés par les toxines. Aussi ajoute-t-il d'autres hypothèses: la toxine tuberculinique qu'il croit à l'origine de sa constitution phosphorique, explique de ce fait la diathèse tuberculinique su fréquente chez ces sujets longilignes. Le ralentissement du métabolisme constaté chez les sujets brévilignes correspond à la diathèse sycotique. Enfin, la toxine syphilitique, outre la croissance défectueuse, expliquerait la diathèse luétique. La diathèse psorique semble absente, mais NEBEL la confond avec le tuberculinisme. 


            Cette nouvelle notion de constitutions minérales et des diathèses va connaître un retentissement considérable dans la pensée homéopathique car plusieurs générations de praticiens homéopathes vont en être imprégnées. Léon VANNIER (1880-1963) en France va leur donner l'essor étonnant. Cet auteur tend à la simplification et il ajoute aux trois constitutions de base, auxquelles on attribue un caractère de fixité à travers les générations, quatre étapes de décompensation, appelées tempéraments, à savoir et dans l'ordre: lymphatique chez l'enfant, sanguin chez l'adulte jeune, bilieux chez l'adulte d'âge mûr et bilieux chez le vieillard.


            Enfin, la découverte des microbes et surtout de leurs toxines bouleverse la conception des maladies chroniques. D'où la proposition par Nebel de techniques de drainage pour débarrasser l'organisme des intoxinations héréditaires et/ou acquises.


            On peut affirmer, en ce début du XXI° siècle, que de très nombreux praticiens homéopathes sont toujours, peu ou prou, sensibles aux conceptions de Nebel. Les conceptions plus récentes se réfèrent toutes à celles de cet auteur.

          Le Dr ROUY, de Paris, remet la médaille (photo ci-contre) à Antoine NEBEL le 23 mars 1952 au nom de la Société Rhodanienne d''Homéopathie




          Ci-dessous = allocution du Dr Henry DUPRAT lors des obsèques du Dr Antoine NEBEL, en présence de ses trois fils, le 17 juillet 1954