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LES MYCOSES BUCCCALES

            Les mycoses buccales sont essentiellement dues au Candida albicans, une levure particulièrement impliquée et prépondérante en pathologie humaine. Les autres variétés de Candida sont = tropicalis, pseudotropicalis, guillermondi  et krusei. Les candidoses buccales regroupent plusieurs formes cliniques: muguet, langue noire villeuse... Il est fréquent que la localisation buccale ne soit pas isolée et participe plutôt à une véritable maladie à localisations multiples: vulvo-vaginale, anale, aines, seins, ombilic, plis divers (doigts...), tube digestif, voies respiratoires, etc...


            Cependant, il faut rappeler que le candida ne devient pathogène que lorsque la flore microbienne est perturbée, ce qui ouvre le chapitre des causes favorisantes.  Le candida est un germe opportuniste dont la virulence se manifeste lorsque la réponse immunitaire diminue pour diverses raisons, soit spontanément, soit par suite de problèmes pathologiques généraux ou médicamenteux (antibiothérapie au long cours par exemple). Ainsi constate-t-on que diverses populations se trouvent plus particulièrement  exposées:


  

Les formes cliniques buccales:


1/ Le muguet:


            Le muguet est plus fréquent chez l’enfant, notamment en crèches ou en maternité et chez l’adulte débilité par une maladie grave ou décompensée: diabète, convalescence difficile, tuberculose, etc... Chez l’enfant, on peut voir des formes multifocales, dont certaines  généralisées peuvent entraîner la mort, surtout d’ailleurs en raison de l’état général déficient qui a précédé et qui explique la candidose. Il est évident que le tout jeune enfant, il n'est pas facile de faire préciser les signes cliniques subjectifs comme la sensation de brûlure ou le goût métallique, ce qui n'est plus le cas des lésions objectives à type d'efflorescences blanchâtres caractéristiques, faciles à racler à l'aide d'une spatule pour confirmer le diagnostic.



2/ La langue noire villeuse ou pileuse:


            La coloration noire de cette glossite est due à la kératinisation augmentée après hypertrophie de la gaine cornée des papilles. Les papilles peuvent ainsi atteindre jusqu’à 1 cm de longueur. En général, le candida albicans n’est pas le responsable unique.  Plusieurs autres causes sont avancées, comme les troubles hépato-digestifs, la tuberculose, l’abus de bains de bouche oxygénés, et surtout l’abus d’antibiotiques.



3/ La stomatite érosive pemphigoïde à Candida:


            Cette stomatite bulleuse peut avoir pour cause le candida albicans.


4/ Les candidoses au cours des antibiothérapies ou cortico-thérapies: (la langue noire villeuse n'est qu'une illustration).

Il faut rappeler que le candida albicans est un hôte saprophyte des muqueuses, ce qui n’est pas le cas pour la peau, le sang, les urines  ou les phanères. Par conséquent, sa présence dans la salive n’est pas un argument suffisant pour établir la réalité d’une candidose, il faut ajouter la présence de plusieurs éléments fongiques lors de prélèvements successifs, mais surtout la rapidité de croissance des souches.


            Ensuite, il faut souligner les relations de symbiose entre:

  


            L’infestation peut se faire:

  


CEPENDANT:


N’IMPORTE QUI NE FAIT PAS DE CANDIDOSE !


            Le rôle du « terrain » est primordial, notion qui n’a pas échappé aux homéopathes. Les officiels reconnaissent les causes générales suivantes:


  

  1. L’état général déficient: il est de constatation courante que les mycoses concernent davantage les prématurés, les grands malades débilités, ou atteints d’affections malignes dont certaines hémopathies, ou de troubles de la réponse immunitaire.

  2. Les déséquilibres hormonaux sont incriminés, dont le diabète (demander un contrôle de la glycémie devant toute mycose rebelle), l’insuffisance thyroïdienne, la grossesse (qui favorise les infections génitales)...

  3. L’âge: le muguet est particulièrement fréquent chez l’enfant ou chez le vieillard, la langue noire villeuse chez l’adulte.

  4. Certains facteurs alimentaires = dénutrition, carences vitaminiques (vitamine A surtout).


            Parmi les causes locales, il faut rappeler et rechercher:


  

Le traitement classique:


            Localement, il convient d’alcaliniser le milieu buccal par des bains de bouche appropriés, dont ceux contenant du bicarbonate de soude. On peut également badigeonner plusieurs fois par jour les lésions mycosiques avec des antifongiques en suspensions ou en pommades. Le médecin proposera, dans les candidoses post-antibiotiques une stérilisation du tube digestif par des comprimés per os de "mystatine", ou "d'imidazole", qui ont une action locale sur la muqueuse intestinale.


            Sur le plan général, deux antifongiques sont les plus connus: FUNGIZONE (amphotéricine B)  et MYCOSTATINE (mystatine). Ils sont souvent efficaces mais présentent quelques risques iatrogènes: néphrotoxicité pour le premier (avec risque hépatique et neurologique) et risque allergique pour le second. Dans les cas de candidoses diffuses sévères ou à titre préventif chez les immunosuppirmés, on peut utiliser le miconazole per os (Daktarin), le clotrimazole, la 5-fluorocytosine (Ancotil) ou le kétoconazole (Nozoral).

 

NE PAS OUBLIER LES ALLERGIES A CANDIDA


            Le candida albicans peut être responsable d’allergies dont plusieurs formes sont décrites:

  


            On imagine facilement la difficulté du diagnostic lorsque le malade consulte pour l’une de ces manifestations. Il n’est pas évident de penser à une allergie au candida, surtout dans les formes frustes de candidoses. Le diagnostic sera établi ou confirmé par la positivité des tests d’allergie à la candidine.


            Cette allergie est intéressante à découvrir et à connaître pour le traitement homéopathique qui proposera, en plus du médicament de fond, quelques prises de POUMON-HISTAMINE 15 CH, une à deux fois par jour lors d'une poussée aiguë.

Le traitement homéopathique:


            Les propositions qui suivent concernent en fait toutes les affections citées dans ce cours. La méthodologie homéopathique reste la même, quelle que soit l’affection, sauf mention spéciale. Car, s’il est nécessaire sur le plan didactique de « saucissonner » ces différents chapitres, la prescription homéopathique ne tient compte que de la personnalité réactionnelle du patient, et de lui seul.


            Dans des affections aussi récidivantes que celles étudiées ici, il est logique de proposer un traitement en trois plans: le plan diathésique, qui représente la « prise en charge » du terrain de prédisposition qui seul explique le caractère récidivant - le plan symptomatique qui répond à une poussée aiguë et qui valorise les symptômes présents à ce moment avec autant que possible leurs modalités -  le plan étiologique qui se propose de « neutraliser » les causes éventuelles, chaque fois qu’elles sont identifiées (biothérapiques).


1/  LE PLAN DIATHESIQUE:


            Dans son ouvrage « Les maladies de la peau » (Cahier de Médecine homéopathique n°2 - MASSON 1987 - p.127), Roland ZISSU précise l’ordre d’importance décroissant de chaque mode réactionnel dans le traitement des mycoses:


LE MODE REACTIONNEL SYCOTIQUE vient en tête, d’abord en raison du rôle favorisant des facteurs d’atteinte du système immunitaire, expliquant les caractéristiques évolutives de ces maladies: chronicité, torpidité, résistance aux traitements chimiques ou homéopathiques.


LE MODE REACTIONNEL PSORIQUE, dans sa phase asthénique, avec décompensation du malade du fait du blocage des éliminations. Les troubles deviennent alors torpides et récidivants, notamment avec atteinte élective des orifices cutanéo-muqueux.


LE MODE REACTIONNEL TUBERCULINIQUE apparaît un peu en retrait, mais l’atteinte des muqueuses traduit des éliminations qui ne soulagent pas, du fait de l’encombrement veineux, lui-même favorisant les atteintes inflammatoires de la muqueuse buccale (entre autres).


LE MODE REACTIONNEL LUETIQUE bien que cité ici en dernière position occupe en fait une place originale, du fait de sa physio-pathologie lésionnelle, caractérisée par des micro-endartérites oblitérantes, expliquant la tendance aux ulcérations nécrotiques. Dans les atteintes de la muqueuse buccale étudiées ici, sont retrouvées la torpidité, la dégradation de l’état général du fait de pathologies générales lourdes et de leurs traitements chimiques.


            Les remèdes de ces modes réactionnels généraux ont souvent été étudiés et ne seront pas repris ici. Nous renvoyons aux ouvrages de références, dont le Manuel de Médecine homéopathique de R. ZISSU et de M. GUILLAUME ou notre ouvrage personnel « Homéopathie, terrain et odonto-stomatologie » (MASSON 1989).



2/         LE PLAN SYMPTOMATIQUE:


            Il faut croire que ce sujet des mycoses n’a pas inspiré les auteurs car sur 10280 articles référencés par nous il n’y a qu’un seul article et encore traite-t-il des mycoses respiratoires. Il en est de même des répertoires et des matières médicales.  


Au gré de nos recherches, nous avons pu trouver mention des médicaments suivants:


            Pour le muguet: ARGENTUM NITRICUM, ARSENICUM ALBUM, BAPTISIA, BELLADONA, BORAX, CAPSICUM ANNUUM, CARBO VEGETABILIS, CAUSTICUM, CHINA, HEPAR SULFUR, HYDRASTIS, KALI BICHROMICUM, KREOSOTUM, MERCURIUS SOL., CYANATUS, CORROSIVUS, NATRUM CARBONICUM, NATRUM PHOSPHORICUM, NITRI ACID., PENICILLINUM, PHYTOLACCA, PSORINUM et SULFUR.


            On retrouve à peu près les mêmes, et c’est normal, pour les mycoses buccales: ajouter  à la liste précédente = ANTIMONIUM CRUDUM, CALCAREA CARBONICA, DULCAMARA, FLUORIC ACID., GRAPHITES, LUESINUM, MEDORRHINUM, NATRUM MURIATICUM, NATRUM SULFURICUM, SEPIA, SILICEA, SULFUR, THUYA et TUBERCULINUM.



3/         LE PLAN ÉTIOLOGIQUE:


            Ce plan impose à l’évidence la mise en cause d’un agent déclenchant, antibiotiques, corticoïdes, etc... ou l’utilisation thérapeutique de la souche en cause (CANDIDA ALBICANS par exemple).  Penser également aux causes psychogènes évoquées plus haut. Voici quelques commentaires sur certains d’entre eux.


PENICILLINUM:


            Cet antibiotique de la famille des b-lactamines a fait l’objet d’une pathogénésie au début des années cinquante par M. GUERMONPREZ. Cette expérimentation confirme la pratique clinique = réactions iatrogènes aux antibiotiques en général, mais surtout aux pénicillines, dont les mycoses = langue noire villeuse (en partie dépapillée et douloureuse), épidermomycoses surtout surinfectées, macérées et suintantes (SEPIA), lichen (THUYA).


            La langue noire villeuse est une donnée caractéristique des conséquences ou des accidents de la pénicilline au point que M. GUERMONPREZ  en fait un symptôme-guide (ou Key-note). Les officiels le reconnaissent volontiers. La bouche est l'une des cibles de la pénicilline = stomatite, glossite œdémateuse peu douloureuse, muguet qui peut s'étendre à tout le tube digestif. De même, la pénicilline exalte toutes les formes de mycoses, pas seulement au niveau des muqueuses, mais également au niveau de la peau (pityriasis versicolor, intertrigos, etc…). GUERMONPREZ a constaté également au cours de ses expérimentations des "douleurs dentaires sur un fond de sensibilité sourde des dents, spécialement des incisives et canine supérieure droite, avec extension de la douleur au sinus maxillaire droit qui est le siège d'inflammation et d'infection, sinusite d'origine dentaire"11 L'Homéopathie française - 1955 - n°5, p. 270..


            On peut le prescrire en 9 ou 15 CH deux à trois fois par semaine sur la notion de cause éventuelle favorisante à la suite d’une antibiothérapie intensive. Mais son action sera encore plus efficace si l’on retrouve quelques-uns des signes suivants: asthénie, frilosité, fébricule autour de 38°, suppurations récidivantes et traînantes, mycoses, lichen, rhumatismes ou arthralgies, éruptions cutanées (furonculose, urticaire, eczéma, oedème...), névralgies sus et rétro-orbitaires ou dentaires, verrues, tumeurs bénignes.


            GUERMONPREZ affirme que PENICILLINUM se situe entre SULFUR et HEPAR SULFUR ou THUYA. Sa fièvre évoque FERRUM PHOSPHORICUM, son angine et certaines algies PHYTOLACCA, ses suppurations traînantes et sa frilosité SILICEA et ARSENICUM ALBUM.


MUCOR MUCEDO (culture d’une variété de champignon mycélien).


            Ce biothérapique sera d’autant plus efficace que la mycose apparaît ou se trouve aggravée au printemps et améliorée par un séjour prolongé au bord de la mer. Il ne faut pas attendre de miracle de ce médicament.

 

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