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HISTOIRES DE GINGIVITES

SELON LES MODES REACTIONNELS

            Alors que le traitement d’une carie dentaire ne pose pratiquement pas de gros problèmes, celui d’une gingivite n’en va pas de même. D’abord en raison des nombreuses formes cliniques, ensuite du fait de la multiplication des facteurs étiopathogéniques, allant de banales causes locales d’irritation jusqu’à l’expression buccale de nombreuses maladies générales.

            

            A l’état normal, la gencive présente une surface granuleuse rappelant la peau d’orange, à l’exception d’une bande de 1 mm environ correspondant à la gencive libre. Cette texture particulière est due à la présence de fibres de collagène dans l’épaisseur de la gencive. Dès les prémisses d’une atteinte gingivale, cet aspect se modifie, le plus souvent par suite d’un œdème


            Par évidence exposée à différents facteurs d’agression, notamment du fait de son contact avec le milieu extérieur, la gencive s’est vue dotée par la nature ou par la providence, ou encore par le Créateur, de nombreux moyens défensifs. La salive qui la baigne en est certainement l’un des principaux par ses composants d’origine immunitaire, par la présence de nombreux leucocytes, par le lysozyme, et encore bien d’autres éléments. On sait que le début de la maladie parodontale commence avec la perte d’étanchéité de l’attache épithéliale de la gencive au collet de la dent. Cette zone critique est donc naturellement protégée = c’est le rôle du fluide gingival richement équipé d’éléments immunitaires. Enfin, la gencive est largement fournie d’éléments immunitaires dans l’épaisseur de ses couches.


            Un autre facteur capital de la défense gingivale est constitué par sa vascularisation. Chaque fois que la gencive est agressée, la première manifestation réactionnelle est un oedème, par dilatation des capillaires sous-jacents et par augmentation de leur perméabilité afin de concentrer au niveau du foyer inflammatoire les éléments cellulaires de la réponse immunitaire. On comprend dès lors le retentissement gingival de la quasi-totalité des maladies du sang. On comprend également les conséquences des troubles de la circulation sanguine en amont, dont la congestion veineuse qui peut perturber plus ou moins gravement la réponse immunitaire, que l’on rencontre lors des atteintes hépatiques.


            Un esprit homéopathique en lisant ces banalités ne peut qu’évoquer, malgré lui, certains médicaments homéopathiques. La congestion veineuse est une étape physiopathologique du mode tuberculinique surtout, puis du mode psorique. SEPIA, PULSATILLA, LYCOPODIUM, NUX VOMICA, SULFUR viennent à l’esprit. Et lorsqu’on se souvient que le mode luétique perturbe la vascularisation, on comprend dès lors l’importance des atteintes gingivales et parodontales chez les sujets réagissant par ce mode. On comprend ainsi l’importance des lésions parodontales que l’on trouve dans MERCURIUS SOLUBILIS, notamment chez un sujet ayant longtemps réagi sur le mode psorique et que l’alcoolisme chronique l’a poussé à user du mode luétique.


            La première agression permanente, particulièrement banale, est constituée par la présence de la plaque dentaire, qui justifie à l’évidence le rôle préventif et curatif de l’hygiène bucco-dentaire. Ainsi peut-on constater en absence de brossage des modifications de l’aspect de la gencive et ce, assez rapidement. Notamment, la constitution d’un oedème discret ouvre déjà la voie de la pathologie gingivale parce qu’il favorise la rétention de débris alimentaires dans le sulcus gingival ainsi élargi, et surtout par exacerbation de la virulence de la flore microbienne de la plaque dentaire concentrée en ces lieux limités.


            Il n’est pas question de faire l’injure à nos confrères chirurgiens-dentistes de leur rappeler le rôle étiologique des irritations locales, du tartre et autres facteurs locaux, comme le traumatisme occlusal, les malpositions, la respiration buccale, le tabac, etc...,  en principe causes bien connues, dans le développement des gingivites et d’une manière plus extensive des maladies parodontales.


            L’objet du présent cours est d’aborder un aspect connu mais actuellement sans réponse thérapeutique en médecine classique = tous les parodontologistes reconnaissent le rôle favorisant, prédisposant, aggravant, de ce qu’il faut appeler le « terrain ». Il est probable que le code génétique explique la résistance ou la sensibilité de chacun d’entre nous aux facteurs d’agression gingivale.  Mais à l’heure actuelle, aucun moyen thérapeutique préventif ou curatif n’existe encore faute de connaissances suffisantes. Les homéopathes possèdent une conception du « terrain », qui n’est certes pas la seule Vérité, mais qui permet d’interpréter certaines formes cliniques de gingivites et de leur opposer un médicament capable expérimentalement de provoquer la même forme clinique. On peut même affirmer que le « terrain » imprime sa marque à toutes les réactions locales. La même gingivite définie par quelques symptômes pathognomoniques bien déterminés n’a pas la même signification selon « l’environnement » conditionné par le « terrain », avec ses composantes héréditaires et les facteurs acquis par le mode de vie.


            Il y a de plus des facteurs étiologiques qui exigent un traitement spécifique et contre lesquels il n’existe pas de solution homéopathique. C’est le cas du rôle de l’alimentation dans l’apparition de certaines formes de gingivites. Par exemple, une alimentation trop liquide favorise l’accumulation de la plaque dentaire par suppression de l’action certes très modérée de « nettoyage mécanique » par la mastication d’aliments durs. Une alimentation trop facile à mastiquer favorise sans doute l’atrophie du parodonte, de la même manière que l’immobilisation d’un membre entraîne une atrophie musculaire. Le rôle des hydrates de carbone, et notamment de certains sucres, est bien connu pour y insister. Enfin, certaines carences d’origine alimentaire peuvent déclencher une gingivite, l’exemple le plus frappant étant le scorbut, certes aujourd’hui disparu dans les pays développés. Des intoxications par métaux lourds ont également une action déclenchante dans certaines formes de gingivites, de même que les intoxications médicamenteuses dont la plus fameuse est celle due à la diphénylhydantoïnate de soude.


            Les facteurs psycho-somatiques ne doivent pas être oubliés. La fréquence des maladies gingivales et parodontales chez les malades mentaux en constitue un argument, qui doit cependant être relativisé du fait d’une absence d’hygiène buccale fréquente chez ces malades. Mais la pérennité d’un état de stress est reconnue comme facteur déclenchant et aggravant, notamment dans la gingivite ulcéro-nécrotique. Or la situation actuelle, économique et sociale, multiplie les facteurs psychogènes qui peuvent, chez des sujets sans doute prédisposés (du moins selon la conception homéopathique), provoquer des réactions gingivales, entre autres localisations. Et sur ce chapitre, l’homéopathie se trouve bien armée.


            Il existe plusieurs chapitres de causes générales des gingivites qui ne peuvent être traitées que par le médecin. Ce sont celles qui résultent de troubles endocriniens = diabète, puberté, grossesse, menstruation, ménopause, hypothyroïdie, etc..., sans oublier les leucémies, les anémies et autres maladies sanguines, et également le SIDA. Mais, quelle que soit la cause générale, qui nécessite la prise en charge par un médecin, le dentiste se doit de supprimer tous les facteurs locaux qui aggravent la gingivite ou qui amplifient les conséquences.

NOURRISSONS - DENTITION - GINGIVITES

ET MODES REACTIONNELS

            Dans une plaquette appelée « Atlas de parodontologie », éditée par les Laboratoires UPSA (sans date de publication), le parodontologiste Alain RIVAULT affirme : « Si parfois l’état local permet de déceler l’existence d’une maladie générale, très souvent celle-ci passe inaperçue à moins qu’un interrogatoire détaillée de chaque patient ne soit entrepris avant tout traitement. Une telle pratique peut mettre à l’abri de bien des déceptions quant à la pérennité de l’amélioration qu’il est, malgré tout, possible d’obtenir dans la très grande majorité des cas grâce à un traitement uniquement local. La méconnaissance de ces relations risque donc de conduire à de graves erreurs de diagnostic et par conséquent thérapeutiques. Il ne nous appartient pas de traiter l’état général, mais de par  notre position privilégiée, observateurs attentifs de la muqueuse buccale, c’est souvent à nous qu’incombe la responsabilité de déceler et parfois de diagnostiquer ces problèmes ».


            A. RIVAULT pose un vrai problème. Face à une gingivite qui semble banale, n’importe quel chirurgien-dentiste met en œuvre les moyens thérapeutiques habituels, quel que soit le patient, son histoire pathologique et ses antécédents. Si la cause n’est pas locale, il est bien évident que la récidive sera de règle On recommence alors les mêmes traitements et on culpabilise souvent le patient sur son hygiène insuffisamment maîtrisée. On traque la moindre trace de plaque dentaire, on exige l’emploi de jets, d’écouvillons, de fil dentaire et le malheureux patient passe une heure matin et soir dans sa salle de bain, pour un résultat hélas décevant et décourageant pour lui-même bien sûr et pour le praticien.


            Mais imaginons un scénario bien connu des homéopathes. Devant un tel cas récidivant, imaginons que le chirurgien-dentiste commence à envisager l’existence possible d’une cause générale, mais les examens n’aboutissent à rien. Que pourra faire alors ce praticien ? Soyons plus précis. Voici un adolescent qui a vu fleurir sur son visage une acné disgracieuse qui lui donne quelques complexes, surtout à cet âge critique. Un médecin lui prescrit une pommade ou une lotion qui fait miracle. Mais quelques semaines plus tard, le même adolescent se précipite au cabinet dentaire pour une gingivite ulcéreuse unilatérale très douloureuse au niveau des prémolaires et molaires supérieures. L’examen ne montre aucun facteur local. On pense alors à une sinusite maxillaire. Le plus souvent le praticien « classique » commence par proposer un bain de bouche après éventuellement un détartrage soigneux si nécessaire, puis si ce premier traitement local ne suffit pas, il prescrit un antibiotique associé ou non à un anti-inflammatoire. Miracle, tout guérit en quelques jours. Oui mais, l’acné réapparaît quelques jours ou semaines plus tard. Le jeune homme retourne voir son médecin et.... l’histoire recommence ! Ni le médecin, ni le dentiste ne peuvent comprendre ce qui unit ces deux affections chez ce jeune patient et le plus souvent ces deux praticiens n’ont aucune relation, chacun traitant son secteur. Or n’importe quel homéopathe comprend le lien de cause à effet entre la suppression d’une élimination cutanée et l’apparition d’une métastase au niveau d’une muqueuse. Ce cercle vicieux appartient au mode réactionnel psorique et la similitude réactionnelle impose dans ce cas d’abord MEZEREUM puis SULFUR. Ainsi pourra-t-on rompre le cercle vicieux. Dans ce cas précis, une gingivite banale non expliquée par une cause locale offre une signification originale que les homéopathes peuvent comprendre et surtout guérir rapidement sans effet iatrogène.


            On peut même affirmer que dans de tels cas, la guérison durable de la gingivite par des médicaments chimiques peut susciter une métastase ailleurs que dans la bouche qui peut se révéler plus néfaste pour le patient. Le dentiste sera pourtant satisfait de son traitement avec la conviction de l’avoir bien conduit, la preuve est évidente, la gencive est redevenue normale. Le patient lui-même sera satisfait de son dentiste. L’apparition quelques temps plus tard d’une colite, d’une bronchite ou d’un eczéma ne concerne plus le dentiste. Ni le patient, ni son dentiste, ni même le médecin ne feront le rapport de cause à effet entre ces affections disparates. Le mode psorique ? Ils n’en ont même pas la moindre notion. Et l’homéopathie ? Il faut y croire, ce n’est qu’un effet placebo, etc...


  

            La dentition peut être l’occasion de quelques ennuis locaux ou généraux. Même si ces incidents sont la plupart du temps bénins, il arrive parfois qu’ils débordent le cadre local de la péricoronarite. Il y a quelques décennies, ces incidents faisaient encore l’objet de querelles étiopathogéniques. Plusieurs théories tentaient de les expliquer.


            Mais ce qui est intéressant est que le Pr CHOMPRET, cité par M. DECHAUME affirmait : « La question de terrain domine ici la scène : l’enfant peut, par hérédité, être un déprimé et il peut l’être également du fait de maladies antérieures... S’il est vrai que la dentition ne peut, à elle seule, déterminer des accidents généraux, il n’est pas moins certain qu’elle est parfois la cause déterminante, le déclic d’un réflexe agissant sur un terrain prédisposé, par une tare héréditaire ou acquise ». Le Professeur CHOMPRET avait raison et il a bien vu l’importance du « terrain » même dans les troubles de la dentition. Malheureusement il ignorait sans doute l’homéopathie et la conception des modes réactionnels, sans quoi il n’eut pas été surpris et surtout il aurait pu disposer d’un moyen thérapeutique particulièrement efficace chez les nourrissons et surtout sans effets secondaires. C’est ce que nous allons tenter de démontrer dans les chapitres suivants.


            Une gingivite érythémateuse est banale en elle-même et pourtant elle peut être l’occasion de mettre en évidence l’existence des modes réactionnels, offrant un très grand nombre de tableaux cliniques.

 

Le nourrisson normoligne :


            Ce type d’enfant répond très souvent à SULFUR et c’est chez lui que la dentition pose le moins de problème. Mais il peut arriver quelques incidents locaux comme une banale gingivite. Le remède le plus fréquent est alors ACONIT :


  


            Vite atteint, mais vite remis, la sortie de la dent entraîne la disparition de tous les signes. Parfois, lorsque les signes d’excitation dominent, la prise de CHAMOMILLA s’impose. Dans ce cas, les signes buccaux sont insignifiants, il n’y a même pas de gingivite, tout au plus une sécheresse buccale avec soif. C’est le comportement du bébé qui justifie ce remède : bébé grognon, devenu capricieux, exigeant d’être bercé, une joue rouge et chaude (celle du côté de la dent en cause), l’autre pâle et froide.


            Mais déjà, même au cours d’un incident aussi banal, le « terrain » intervient. A côté du bébé typiquement SULFUR sthénique qu’Henri BERNARD appelait Sulfur neutre parce que réagissant uniquement sur le mode psorique, cet auteur décrivait deux autres nourrissons SULFUR moins sthéniques. L’un SULFUR gras se rapproche de CALCAREA CARBONICA, l’autre SULFUR maigre évoque CALCAREA PHOSPHORICA. Dans le cas de ce SULFUR neutre, l’amélioration générale consécutive à la poussée dentaire après un épisode réactionnel sthénique et court permet d’imaginer qu’il s’agit sans doute d’une élimination centrifuge du type psorique. Cette même amélioration se voit également dans les deux autres types de SULFUR, mais déjà la conjonction des autres modes réactionnels (sycotique pour Sulfur gras et tuberculinique pour Sulfur maigre) imprime des réactions différentes, le trait d’union restant la gingivite érythémateuse, qui n’a donc plus la même signification.

Le nourrisson  bréviligne :


            C’est le nourrisson CALCAREA CARBONICA. Les troubles de la dentition sont déjà plus fréquents. Il n’est pas possible de reprendre ici une étude exhaustive de ce nourrisson que nous avons déjà proposée plusieurs fois et que Roland ZISSU a particulièrement bien étudié. Rappelons seulement que ce nourrisson peut répondre au standard publicitaire du bébé cadum. Ou bien il peut présenter quelques signes de décompensation, soit dans le sens de l’obésité avec des troubles correspondant aux modes psorique et sycotique, soit moins fréquemment dans le sens de l’amaigrissement avec mise en œuvre temporaire du mode tuberculinique.


            La dentition est souvent une source d’ennuis. Elle est le plus souvent en retard, comme presque toutes les fonctions. Elle peut s’accompagner d’un état inflammatoire local qui donne le tableau clinique de BELLADONA :


  


            On peut retrouver l’indication de CHAMOMILLA.


            La dentition, chez ce nourrisson bréviligne, peut être à l’origine de troubles locaux avec gingivite et surtout de troubles digestifs :


Magnesia carbonica :


  


Podophyllum :


  

L’enfant longiligne :


            La dentition, souvent en retard, est à l’origine de troubles digestifs fréquents. CALCAREA PHOSPHORICA est un remède constitutionnel que l’on peut donner à titre préventif (d’après le contexte familial, le type morphologique) ou curatif :


Spasmes intestinaux qui expliquent sans doute les pleurs après les tétées.

Gaz abondants et fétides, diarrhée aqueuse, verdâtre, éclaboussante

Gingivite banale mais sans doute douloureuse (parce que l’enfant pleure et crie).


            En cas de syndrome fébrile, le remède le plus fréquent est FERRUM PHOSPHORICUM = instabilité vasomotrice avec face rouge ou pâle, tête chaude, soif modérée, pouls rapide et au niveau de la dent responsable : gingivite érythémateuse plus ou moins étendue, avec congestion locale. Mais le plus significatif chez ce nourrisson est que le mode tuberculinique s’exprime déjà par une réponse moins sthénique, avec rapidement une pâleur qui traduit une tendance à l’anémie et surtout un amaigrissement plus ou moins rapide, avec risque de déshydratation, qui menace toujours ce biotype. Les troubles digestifs fréquents imposent souvent un remède complémentaire, comme Magnesia phosphorica qui a surtout des spasmes abdominaux très douloureux, mais peu ou pas de gingivite. Ce qui n’est pas le cas du suivant : 



Argentum nitricum :



L’indication de ce remède pose le problème de la mise en œuvre simultanée de deux modes réactionnels = tuberculinique et luétique, ce qui représente une menace pour la minéralisation des dents :


  


Jalapa :


  


SILICEA :

            Ce grand remède du rachitisme échappe au cadre étroit d’un seul mode réactionnel, même si le mode tuberculinique est prépondérant. Il peut être indiqué lors de troubles de la dentition, qui est souvent en retard. Ce retard n’est pas isolé : retard pour la fermeture des fontanelles, plus tard pour la marche et la phonation. Le type sensible est un nourrisson maigre ou amaigri (sauf au niveau du ventre qui peut être très gros), frileux, avec une face maladive, ridée et vieillotte mais avec un regard vif (le tout rappelant LYCOPODIUM). Il a des sueurs abondantes, surtout de la tête et des pieds (odeur fétide) comme CALCAREA CARBONICA. Il ne supporte pas ou plus le lait maternel (aversion, vomissements, diarrhée) ou de vache (constipation).  


            La dentition peut être à l’origine d’une gingivite banale, mais avec une tendance à la suppuration avec des adénopathies satellites. Cette gingivite suppurée se voit essentiellement chez des enfants dénutris ou rachitiques.

Commentaire

d'Alain HORVILLEUR

HISTOIRES DE GINGIVITES

ULCERO-NECROTIQUES

Rheum :


            Ce petit médicament peut accompagner CALCAREA PHOSPHORICA ou SILICEA lorsque les troubles digestifs dominent :  diarrhée aigre, douloureuse sans doute à cause des coliques avant et pendant la selle car le bébé pleure et pousse des cris en cette occasion. Le bébé devient agité, grognon, capricieux, sa face est pâle, surtout pendant le sommeil avec des sueurs froides autour de la bouche et du nez.


L’enfant dystrophique :


            Alors que l’on connaît le rôle préventif essentiel de CALCAREA FLUORICA chez l’enfant dystrophique à la fois sur la minéralisation des dents et sur le développement des maxillaires, ce médicament n’est pas cité dans le Répertoire de KENT au chapitre « Troubles de la dentition », mais FLUORIC ACID. est cité au degré moyen à « Dentition lente » et  l’on trouve Kreosotum et Phytolacca au chapitre « dentition difficile ».


            Kreosotum peut être indiqué lors de la dentition sur les signes d’une gingivite banale : gencive gonflée, douloureuse, parfois ulcérée et saignante, haleine fétide, sécheresse importante car le simple effleurement d’un miroir ou d’un abaisse-langue peut faire saigner. Le bébé devient grognon, pleure facilement. La dentition peut être accompagnée de troubles digestifs comme une diarrhée irritante, des selles sanguinolentes et fétides, une tendance à la déshydratation, avec amaigrissement, aspect vieillot et souffreteux qui évoquent SILICEA. Lors des premières éruptions il est évidemment encore trop tôt pour constater des lésions dentaires, car  ce médicament est l’un des plus importants remèdes de la mélanodontie.


            Phytolacca, le « mercure végétal », est indiqué lors d’une gingivite liée à la dentition lorsque le bébé éprouve le besoin impérieux de mordre, de serrer ses arcades l’une contre l’autre, comme dans Podophyllum. Mais la gingivite est ici très banale, lorsqu’elle existe. Elle peut avoir une forme ulcéreuse qui exprime à l’évidence la modalité luétique qu’il convient de préciser par le contexte.


CONCLUSION DE CE CHAPITRE



            La gingivite est une manifestation pathologique banale, notamment au cours de la dentition. Et pourtant elle permet par son contexte et par ses formes cliniques de montrer que les modes réactionnels généraux impriment leurs caractéristiques originales. Surtout, la mise en évidence d’un mode réactionnel à partir de cet incident banal en lui-même permet de mesurer les risques potentiels qui pèsent éventuellement sur les dents, sur leur minéralisation et sur leur implantation à une époque où une action préventive peut et doit être tentée. A partir du premier incident de dentition, il est facile de proposer un traitement préventif pour l’éruption des dents suivantes en élargissant cette action préventive à l’ensemble.

 

            Voici une forme de gingivite banale et fréquente. Elle débute par une gingivite érythémateuse au niveau des papilles puis évolue rapidement vers l’ulcération et la nécrose. A la période d’état, on constate des fausses membranes grisâtres, recouvrant une zone congestionnée et douloureuse, saignant facilement au moindre toucher. Déjà s’affirment des formes cliniques différentes : l’inflammation peut rester localisée à une ou quelques papilles ou s’étendre plus ou moins. L’aspect des ulcérations et leur gravité peuvent varier. On peut même voir des ulcérations dans toute la bouche et au niveau des bords de la langue. L’adénopathie satellite est fréquente mais non obligatoire. Il y a parfois un peu de température et/ou un vague sentiment de malaise. Toujours à la période d’état, il y a des douleurs brûlantes, des gingivorragies spontanées, des difficultés masticatoires. L’halitose est de règle et souvent il y a une hypersalivation, parfois pire la nuit. Cette phase dure de 8 à 10 jours, disparaît spontanément pour évoluer vers la chronicité avec progressivement formation de cratères, de poches suppurées, et donc de pertes de substances alvéolaires. C’est la maladie parodontale.


            Les causes reconnues par les officiels sont d’abord et avant tout l’hygiène bucco-dentaire qui peut être soit absente, soit  nettement insuffisante. Puis la notion de stress est avancée et conditionne le traitement (psychothérapie, tranquillisants, anxiolytiques, etc...).  Dans de nombreux cas, il faut rechercher une cause générale , comme celles déjà évoquées plus haut. Les officiels reconnaissent que dans la majorité des cas l’antibiothérapie est inutile, alors qu’elle est pourtant presque systématique proposée ! Il est évident que les traitements locaux sont toujours indispensables : détartrage, surfaçage, débridement des poches, etc... Ils exigent cependant d’être complétés par le traitement général si nécessaire.


            Si l’on valorise sur tous ces signes, deux médicaments se détachent nettement  = en premier MERCURIUS SOLUBILIS, ensuite juste après SULFUR, enfin en retrait IODUM. Puis viennent de nombreux médicaments.


            Pour illustrer l’histoire de la gingivite à travers les modes réactionnels, il faut commencer par traiter de celle de SULFUR, remède comprenant le plus de symptômes de tous ceux de la Matière médicale et chef de file « incontournable » du mode réactionnel psorique. On peut même affirmer que nous sommes tous des SULFUR, ou que tous, nous le sommes, nous l’avons été ou nous le serons à un moment de notre vie.


            N’importe quel organisme doit, pour assurer son équilibre fondamental, recevoir d’abord les nutriments dont il a besoin, idéalement en quantités et en qualités adaptées à ses propres besoins, variables d’un sujet à un autre. Puis il lui est nécessaire de les transformer et de les répartir pour répondre aux  besoins des différentes fonctions, c’est ce qu’on appelle le métabolisme. Enfin, ce dernier produit obligatoirement des déchets que l’organisme doit éliminer, d’abord et à l’évidence par les voies naturelles (foie, rein, intestin par exemple), ensuite par des voies de suppléance lorsque les premières ne suffisent plus, sous peine de troubles fonctionnels d’abord, puis organiques et enfin lésionnels. Or, le soufre joue un rôle capital dans tous les processus de désintoxication de l’organisme.


            Tout ce qui précède se retrouve chez tous les sujets, quel que soit le type morphologique. Cependant, un individu est le fruit d’un très grand nombre de brassages génétiques, ce qui explique la rareté des types morphologiques « purs » et la très grande variété des biotypes mixtes.  Cela n’a pas échappé aux homéopathes qui ont défini quatre grandes modalités réactionnelles, avec au sein de chacune de très nombreuses variantes individuelles. Cette conception du « terrain » ne pose pas de problèmes particuliers en thérapeutique homéopathique, car il suffit de retrouver chez le malade quelques symptômes suffisamment précis pour déterminer le « remède semblable ». Le problème est surtout celui d’expliquer et de faire comprendre ces notions car il est alors nécessaire et inévitable de schématiser.

LES « GINGIVITES » DE SULFUR :


Premier cas de figure :


            Voici un homme d’une trentaine d’années, jusque-là sans ennui de santé, qui vient consulter pour une gingivite banale = muqueuse gingivale oedématiée, rouge sombre, gingivorragies surtout provoquées (contact, brossage), douleurs brûlantes, sécheresse buccale avec soif. Cette gingivite se reproduit périodiquement depuis deux ou trois ans et il n’y a pourtant pas de cause locale qui pourrait l’expliquer. Par ailleurs, ce sujet n’a pratiquement jamais été vraiment malade. Les maladies infantiles ont été rapidement surmontées. On note seulement quelques furoncles à l’adolescence.


            Sur ces symptômes locaux banals, il n’est pas facile de mettre en évidence le seul médicament indiqué tant sont nombreux les médicaments homéopathiques éventuels et il faut sans doute pousser encore plus loin l ‘interrogatoire. Mais l’expérience montre que SULFUR répond déjà à cette situation, notamment sur deux notions = d’abord celle de la périodicité, ensuite sur le fait que ce sujet a toujours réagi avec sthénicité aux quelques affections qui l’ont atteint. En fait, le résultat du traitement par ce médicament confirmera cette affirmation. Sans aucun doute, on trouvera des signes du mode psorique chez les parents.


Deuxième cas de figure :


            On peut reprendre l’exemple précédent, avec les mêmes signes bucco-dentaires. Mais si ce patient reste en très bonne santé, il présente quelques petits signes qui sont autant d’indices d’un début de décompensation. Par exemple, ce sujet jusque-là indifférent aux facteurs climatiques ne supporte plus la chaleur, particulièrement la chaleur confinée et celle du lit qui l’oblige à sortir les pieds. Le matin vers 11 heures, il ressent une fatigue inhabituelle, un « coup de pompe » qu’il surmonte en mangeant de préférence une pâtisserie ou des biscuits. L’interrogatoire met en évidence une alternance entre une petite éruption cutanée sur la jambe gauche, type eczéma  banal, simplement rouge et pruriant, surtout à la chaleur du lit ou après la douche et la gingivite.


Cette gingivite banale exprime déjà la mise en œuvre du mode psorique. Ce patient est engagé dans la vie professionnelle depuis quelques années et son métier l’oblige à une vie sédentaire qu’il n’a pas la sagesse de compenser par des activités sportives ou par un régime alimentaire adapté à ses besoins.


La prise de SULFUR en 9 ou 15 CH une fois par semaine fait disparaître aussi bien l’éruption cutanée que la gingivite. Mais il est nécessaire de faire respecter des règles d’hygiène de vie sous peine de récidive.

 

Troisième cas de figure :


            Voici un homme d’une trentaine d’années, cadre dans une entreprise, très actif, voire surmené, qui vient consulter pour une gingivite hémorragique. L’examen endo-buccal et l’interrogatoire montrent une gencive oedématiée, ulcérée par endroits et rouge, du tartre, une hygiène buccale peu satisfaisante, quelques dents cariées, une salivation abondante, une haleine désagréable (surtout le matin à jeun), la langue est sale notamment dans sa partie postérieure. Le patient se plaint d’une sécheresse buccale et d’une sensation de brûlure. Ce n’est pas la première fois que ce patient souffre de cette gingivite, ou d’une aphtose.


            En poussant plus avant l’interrogatoire, on apprend que cette gingivite survient surtout au cours ou juste après des troubles digestifs = ballonnement abdominal juste après le repas qui oblige à desserrer la ceinture, mauvaises habitudes alimentaires (abus de mets épicés, de viandes, de sauces, de tabac, d’alcools, de café...).


 Tout cela a provoqué une dyspepsie avec des brûlures d’estomac, des renvois, une constipation avec des besoins urgents et une exonération incomplète, ténesme après la selle. De plus, tous ces troubles et le surmenage ont entraîné des troubles du comportement = irascibilité, impatience, intolérance à la moindre contrariété et irritabilité avec ses proches, comportement autoritaire, colères violentes, agressivité, etc... avec de temps en temps des périodes de dépression, avec dégoût pour le travail, insomnie (réveil vers 3 heures du matin sans pouvoir se rendormir après) mais avec somnolence post-prandiale (amélioration de tous les signes par un court sommeil).


            Ce tableau clinique esquissé à grands traits peut être affiné = on peut voir apparaître une rhinite spasmodique comme une pollinose ou des coryzas à répétition provoqués par le froid, car ce patient autrefois indifférent au climat, puis intolérant à la chaleur surtout confinée est devenu sensible au froid. Il y a souvent également apparition de poussées d’hémorroïdes prurigineuses (améliorées par des bains de siège froids).


            Ce troisième cas de figure illustre la décompensation d’un sujet engagé dans des conditions de vie défavorables et tentant de maintenir son équilibre par le mode réactionnel psorique. On retrouve les alternances et la périodicité des troubles, traduisant des tentatives d’éliminations sur la peau et sur les muqueuses, habituellement et pendant une période plus ou moins longue suivies d’une amélioration de l’état général. Le tandem NUX VOMICA / SULFUR rend d’immenses services sur le plan thérapeutique.


            MAIS et cela est capital, l’indication de NUX VOMICA traduit une décompensation, certes encore réversible, mais lourde de menaces si le patient poursuivait  ce mode de vie défavorable. La gingivite érythémateuse banale du début a évolué vers une forme ulcéro-nécrotique qui annonce la maladie parodontale qui peut s’esquisser déjà dans NUX VOMICA.

Quatrième cas de figure :


            On peut imaginer un cas semblable au précédent, mais nettement plus aggravé, notamment sur le plan bucco-dentaire. Cette fois, la maladie parodontale est bien évidente, avec ses poches suppurantes, son alvéolyse, ses gingivorragies.



            On a pu voir ce patient l’année précédente pour des éruptions d’herpès croûteux sur les lèvres, ou pour une aphtose buccale récidivante, ou déjà pour une gingivite ulcéreuse. Ce patient n’a pas tenu compte des conseils d’hygiène de vie et ses troubles digestifs se sont aggravés : flatulence (pire entre 16h et 20h, soit deux ou trois heures après le repas), pyrosis, dyskinésies biliaires (avec ou non des lithiases), migraines d’origine hépatique, éventuellement un ulcère de l’estomac ou des troubles urinaires avec ou non des coliques néphrétiques. L’appétit est devenu capricieux avec des fringales et des désirs (sucreries, aliments chauds, huîtres), mais certains aliments ne sont plus tolérés (huîtres, oignons, ail, féculents), faim nocturne ou durant la céphalée. Mais le patient est vite rassasié.


            Dans un cas encore plus avancé, les examens de laboratoire montrent une tendance au cholestérol, aux triglycérides, à l’uricémie, à l’urémie, etc... soit une nette décompensation sur le plan général avec amaigrissement (mais l’abdomen est plus volumineux), asthénie physique qui peut contraster plus ou moins longtemps avec le maintien d’un bon fonctionnement intellectuel. La peau reste rarement intact : elle est souvent le siège d’une urticaire chronique, ou d’un eczéma pruriant, qui saigne facilement, ou d’une dermatose séborrhéïque, etc... Les homéopathes reconnaissent l'indication de LYCOPODIUM.


Cette gingivite ulcéro-nécrotique qui est devenue une vraie maladie parodontale traduit une décompensation aggravée. Les éliminations du mode psorique dont ce patient a un besoin crucial se font mal = blocage de l’émonctoire intestinal (constipation du type Nux vomica  mais sans le péristaltisme), blocage de l’émonctoire cutané, blocage de l’émonctoire urinaire, le tout du fait d’une atteinte de la fonction hépatique. Plusieurs conséquences en résultent = d’abord l’apparition d’une maladie parodontale exige une solution chirurgicale car les lésions sont irréversibles - ensuite il est fréquent que l’organisme mette en œuvre un autre mode réactionnel. Et c’est à ce stade que s’expriment certaines tendances héréditaires dont la biotypologie est l’un des éléments.



Différentes orientations à partir de LYCOPODIUM :


            LYCOPODIUM n’appartient pas à l’organisme, il s’agit d’une plante herbacée dont les spores ont une action centrée sur le foie, ce qui explique son action étendue. Celle-ci n’est pas liée à l’évidence à un type morphologique particulier. Quel que soit le biotype, LYCOPODIUM provoque expérimentalement une insuffisance hépatique progressive allant d’une atteinte d’abord fonctionnelle (congestion portale) puis pré-lésionnelle (atteinte des hépatocytes), enfin lésionnelle (atrophie).


            L’insuffisance hépatique qui explique l’indication de LYCOPODIUM se rencontre dans deux modes réactionnels :


  

  

  

Alain HORVILLEUR

Portait de

SULFUR

Portrait de

LYCOPODIUM