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INTÊRET DES CONCEPTIONS HOMEOPATHIQUES

DES "CONSTITUTIONS"


            La conception des constitutions n'a jamais fait l'unanimité du monde homéopathique. L'une des premières explications doit être recherchée tout d'abord dans le fait que ces notions sont apparues longtemps après la disparition de Samuel HAHNEMANN et certains idolâtres les ont rejetées d'emblée, sans chercher à les comprendre en justifiant leur attitude par "Le Maître n'en a pas parlé, donc ça n'existe pas !".  Ensuite et comme toujours lorsque apparaissent des idées nouvelles, la constatation de faits cliniques suscite des interprétations et des explications différentes, parfois opposées. Ce qui est  somme toute bien naturel. Les interprétations sont bâties à partir des données acquises de la science médicale du moment et chacun sait combien l'évolution est rapide. D'où la nécessité d'une adaptation des conceptions ou la proposition de théories réellement nouvelles, ce qui entraîne à nouveau des querelles d'écoles entre ceux qui y tiennent comme à la prunelle de leurs yeux et ceux qui adoptent les nouveautés.


            Aujourd'hui, lorsque l'on parcourt la presse médicale homéopathique (anémique hélas depuis une bonne décennie), on est surpris de voir que les notions de constitutions sont totalement absentes. Ou bien les auteurs reprennent-ils les notions anciennes, sans même tenir compte de certaines évolutions dont ils n'ont sans doute pas connaissance alors qu'elles ont été formulées il y a plus de 30 ans! C'est ainsi qu'on peut lire parfois des textes faisant référence aux constitutions minérales de NEBEL (type carbonique, phosphorique ou fluorique) en oubliant les remises en cause postérieures de M. MARTINY ou de H. BERNARD. Ou bien d'autres auteurs affirment-ils que ces notions sont ou bien obsolètes ou bien totalement inutiles dans la pratique de l'homéopathie.otre dessein dans ce cours est d'abord de rappeler les notions constitutionnelles, de préciser leurs caractéristiques essentielles, de détailler l'évolution des idées et de montrer qu'elles peuvent encore être utiles en ce début du 21° siècle, même s'il convient de ne pas en faire le centre de la méthode homéopathique.

COMMENT EST NÉE LA CONCEPTION

DES CONSTITUTIONS EN HOMÉOPATHIE ?



            Hahnemann avait bien remarqué que certains médicaments correspondaient en clinique à un type précis de malades, dont il pouvait dresser un "portrait". Par exemple, alors qu'HAHNEMANN a fait sur lui-même la pathogénésie de PULSATILLA, il précise dans sa matière médicale que ce médicament correspond le plus souvent à une jeune fille blonde, timide, rougissant à la moindre émotion. Force est de constater que ce portrait ne correspond en rien à la personnalité de Hahnemann !!!

            

            La première esquisse d'une conception constitutionnelle est proposée par un médecin homéopathe allemand, dans la seconde partie du XIX° siècle = GRAUVOGL. . GRAUVOGL était un biochimiste éminent et il a tenté d'expliquer les trois miasmes d'HAHNEMANN par trois états biochimiques: hydrogénoïde, oxygénoïde et carbo-nitrogène. Chaque état exprimait une prédominance d'un élément biochimique, respectivement l'hydrogène, l'oxygène et pour le troisième le carbone et l'azote associés. Mais nous n'avons pas trouvé des explications sur ces prédominances.   

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            Cet auteur a marqué considérablement de son influence l'évolution des conceptions homéopathiques, sur plusieurs plans importants. Cependant, il faut comprendre que les idées se mêlent et s'entremêlent intimement et c'est par un souci didactique que l'on doit tenter de décrire en les dissociant.


            Lorsque NEBEL a entrepris ses études, soit à la fin du XIX° et au début du XX° siècle, les sciences médicales avaient connu un bouleversement considérable = la découverte des microbes et de leurs toxines. Aussi NEBEL entreprit-il une mise à jour des conceptions des maladies chroniques d'HAHNEMANN = les "miasmes "devenaient obsolètes et il paraissait nécessaire de les remplacer par les "toxines" bien plus modernes et plus conformes aux données les plus récentes de la science. C'est l'une des plus importantes révolutions apportées à l'homéopathie au début du XX° siècle.


            L'autre idée importante repose sur une constatation clinique. NEBEL remplace la notion de "maladies chroniques" d'origine infectieuse par celle de "diathèses" qui expriment une tendance, une prédisposition à faire telles ou telles maladies. A notre humble avis, il semble qu'HAHNEMANN avait bien entrevu cette notion sans pousser plus avant son raisonnement. En effet, après avoir constaté l'échec relatif de l'application du principe de similitude dans le traitement des maladies chroniques, HAHNEMANN avait abouti, après des années de recherche, à la nécessité de l'anamnèse, c'est-à-dire de rechercher chez un malade des symptômes revenant d'une manière constante dans toute l'histoire de sa vie. Il avait aussi remarqué que certains troubles des parents se retrouvaient chez les enfants. Il décrivait des familles d'eczémateux, qu'il appelait "galeux" ou d'asthmatiques, etc…


            Cette notion de prédisposition, de "diathèse", est importante car elle ouvre la perspective d'une action préventive: "prévenir vaut mieux que guérir" dit le proverbe. Mais comment pourrait-on prévenir une ou des maladies sans pouvoir apprécier le risque potentiel chez un patient ? C'est là qu'intervient la notion des constitutions qui reste encore confuse dans l'esprit de NEBEL. 


            Revenons un instant sur la découverte des microbes et des toxines, dont le bacille de KOCH  et le tréponème de la syphilis, qui vont jouer un rôle capital dans l'évolution des idées chez les homéopathes. Sans doute plus que la syphilis, la tuberculose a dominé les querelles médicales de la fin du XX° siècle. Les experts de divisaient entre les partisans de la contagiosité de cette maladie et ceux qui pensaient que le bacille de Koch ne pouvait se développer que sur un "terrain" prédisposé. Ces derniers affirmaient qu'une très grande partie de la population était "imprégnée" par la toxine tuberculeuse, mais que la maladie restait latente, ignorée et ne se déclarait qu'en certaines circonstances chez des sujets fragilisés par leur mode de vie, notamment les populations sous-alimentées ou vivant dans des conditions très défavorables.  En dehors de critères objectifs de l'existence d'une tuberculose latente chez certains malades, on parlait alors de "tuberculinisme", notion qui sous-entendait une prédisposition familiale sans doute héréditaire. Cette notion de tuberculinisme va prendre un sens original dans la pensée homéopathique.

ANTOINE NEBEL

(1870-1954)

Le "Père" des constitutions minérales

            Ainsi, en ce début du XX° siècle, les médecins étaient convaincus que la tuberculose et la syphilis étaient responsables de nombreux troubles directement sur les sujets atteints ou indirectement par le biais de l'hérédité. On parlait volontiers d'hérédo-tuberculeux et d'hérédo-syphilitiques.


            D'autre part, Antoine NEBEL était un médecin homéopathe éminent. Il avait constaté comme les autres praticiens que le "type sensible" de certains médicaments d'origine minérale, essentiellement les trois sels de calcium = le carbonate, le phosphate et le fluorure, correspondait à trois types morphologiques. Le type sensible de CALCAREA CARBONICA correspond à un sujet bréviligne, trapus, lymphatique et lent dans toutes ses activités. Le type sensible de CALCAREA PHOSPHORICA correspond à un sujet longiligne, maigre, facilement anémique et fatigable, etc… Et enfin, le type sensible de CALCAREA FLUORICA correspond à un sujet de morphologie dystrophique, enclin aux hyperlaxités ligamentaires, un peu instable et aux réactions souvent imprévisibles.


            Pourquoi NEBEL a-t-il retenu particulièrement ces trois sels de calcium ? Sans doute parce que l'on pensait à l'époque qu'ils jouaient un rôle éminent dans l'ostéomorphogénèse, ce qui est certain pour les deux premiers, un peu moins pour de dernier. NEBEL propose alors une conception des constitutions humaines, basées sur la correspondance entre les types sensibles de trois CALCAREA utilisés largement en homéopathie et leur rôle respectif dans la croissance osseuse.


            Il décrit alors trois constitutions minérales de base = la constitution carbonique, la constitution phosphorique et la constitution fluorique.  Il lui restait à expliquer pourquoi l'un de ces trois sels prédominait dans le métabolisme osseux. Et c'est là que l'on retrouve la notion d'intoxinations par les toxines tuberculeuse et syphilitique. Il propose les hypothèses que la toxine tuberculeuse en faible quantité, présente dans une lignée familiale, influençait en l'excitant la thyroïde et les parathyroïdes qui jouent un rôle capital dans l'accélération du métabolisme aboutissant à une constitution longiligne, correspondant au type sensible de CALCAREA PHOSPHORICA, d'où le nom de phosphorique. La constitution carbonique résulterait de la non stimulation de la thyroïde par la toxine tuberculeuse. Et enfin, la toxine syphilitique provoque des perturbations dans les mécanismes de la croissance, sans doute par des troubles de la circulation sanguine, à l'image de ce que produit la syphilis, le tout aboutissant à des asymétries morphologiques caractéristiques de la constitution fluorique. NEBEL a également proposé une nouvelle interprétation des maladies chroniques de HAHNEMANN, les "miasmes" obsolètes étant remplacés par les toxines. Aussi ajoute-t-il d'autres hypothèses: la toxine tuberculinique qu'il croit à l'origine de sa constitution phosphorique, explique de ce fait la diathèse tuberculinique su fréquente chez ces sujets longilignes. Le ralentissement du métabolisme constaté chez les sujets brévilignes correspond à la diathèse sycotique. Enfin, la toxine syphilitique, outre la croissance défectueuse, expliquerait la diathèse luétique. La diathèse psorique semble absente, mais NEBEL la confond avec le tuberculinisme. 


            Cette nouvelle notion de constitutions minérales et des diathèses va connaître un retentissement considérable dans la pensée homéopathique car plusieurs générations de praticiens homéopathes vont en être imprégnées. Léon VANNIER (1880-1963) en France va leur donner l'essor étonnant. Cet auteur tend à la simplification et il ajoute aux trois constitutions de base, auxquelles on attribue un caractère de fixité à travers les générations, quatre étapes de décompensation, appelées tempéraments, à savoir et dans l'ordre: lymphatique chez l'enfant, sanguin chez l'adulte jeune, bilieux chez l'adulte d'âge mûr et bilieux chez le vieillard.


            On a fait le reproche, à juste titre, à Léon VANNIER d'une simplification excessive. Certaines mauvaises lui ont même fait le reproche d'avoir affirmé que la constitution carbonique était la moins concernée par les toxines parce qu'il était lui-même carbonique !!! VANNIER considérait donc la constitution carbonique au centre parce que la mieux équilibrée, la constitution phosphorique était d'origine hérédo-tuberculinique et la constitution fluorique hérédo-syphilitique


Le risque de cette simplification était une prescription un peu systématique sur la notion biotypologique et non fondée sur la similitude des symptômes du malade et de son médicament semblable…


Quels que soient le bien fondé de ces critiques et le devenir de ces constitutions, il convient de les décrire. Mais il faut préciser que les trois types morphologiques décrits ici, s'ils correspondent à une approche schématique reposant sur de nombreuses constatations cliniques n'existent pas forcément à l'état pur dans la réalité clinique. Celle-ci ne montre en réalité que des biotypes mixtes.

Selon les explications proposées, les toxines héréditaires (essentiellement tuberculinique et syphilitique) seraient neutralisées au prix d'un ralentissement métabolique (hypophyse, thyroïde, parathyroïdes) et c'est pour ces raisons que le carbonique correspond au sujet petit et gros des caricatures, exemple Raymond Barre ! C'est surtout un sujet trapu, à l'ossature épaisse, généralement d'une taille plus petite que la moyenne, mais cela n'est pas obligatoire. Il donne l'impression d'un développement tout en largeur ou en épaisseur, au détriment de la longueur. On évoque à son propos la rondeur ou l'aspect carré. Pour les connaisseurs, il correspond au type digestif de SIGAUD = le visage en forme de poire, comme Louis-Philippe. Le visage est carré ou rond, le crâne brachycéphale, déséquilibré au profit de l'étage inférieur.


Les mains sont courtes, carrées, charnues, avec des doigts plus courts que la paume, à gros bouts carrés.


Il existe une très nette hypolaxité  ligamentaire =  le bras forme un angle inférieur à 180° par rapport à l'avant-bras. Il en va de même pour les membres inférieurs. L'ensemble donne un aspect trapu, lourd, rigide, la motricité se fait avec une économie des gestes, une démarche pesante.

LA CONSTITUTION "BREVILIGNE" DITE "CARBONIQUE"

(par qu'il existe des rapports avec les médicaments homéopathiques à base de carbone)

Morphologie :

Carbonique

(angle bras/avant-bras  < à 90°)

Phosphorique

(angle bras/avant bras = 180°)

  

Fluorique

(angle bras/avant-bras > à 180°)

Photos de J. JOUANY

Tendances pathologiques:


            Pour Roland ZISSU, le carbonique présente naturellement une tendance à l'hypersurrénalisme et à un ralentissement de l'hypophyse, de la thyroïde, des parathyroïdes et des glandes génitales. Ceci explique le ralentissement métabolique général, qui le rend particulièrement sensibles aux facteurs de ralentissements du mode sycotique, notamment à l'imbibition hydrique, le tout aboutissant à une sclérose plus ou moins précoce.

 

            Les réactions du bréviligne sont habituellement lentes, progressives, chroniques, évoluant à bas bruits. Il est particulièrement exposé aux maladies de la nutrition = obésité spongieuse, par rétention hydrique, par surcharge alimentaire. Il est prédisposé au diabète gras, à la goutte, aux lithiases biliaires ou urinaires (Calcarea carbonica est l'un des principaux médicaments de la colique néphrétique). L'hypertension artérielle est fréquente, d'abord fonctionnelle puis par artériosclérose. Il a une tendance à l'hypercholestérolémie, aux perturbations des lipides,  à l'hyperazotémie.


            Enfin, l'eczéma est fréquent, commençant souvent dès l'enfance (cuir chevelu, fesses). Ensuite avec la mise en œuvre du mode sycotique, on constate des constructions cellulaires de toutes sortes, notamment des verrues. Les atteintes rhumatismales sont très fréquentes, évoluant vers des arthroses.


            D'une manière générale, le carbonique est sensible au froid, surtout au froid humide (autre facteur étiologique prépondérant du mode sycotique). Cette sensibilité au froid humide va s'accentuer progressivement au cours de la vie, plus ou moins précocement selon les facteurs étiologiques sycotiques = froid humide, vaccinations, médicaments perturbant le métabolisme de l'eau (corticoïdes, diurétiques…).

Commentaire

d'Alain HORVILLEUR

Comportement neuro-psychique:


            Il est dominé par deux caractères essentiels = la passivité et l'économie. Le carbonique aime la paix, l'ordre, la méthode. Bien entendu, ces caractères doivent être modulés.


            Il existe un type équilibré du carbonique avec de nombreuses qualités = réalisateur méthodique, efficacité sans gestes inutiles, sans éloquence superflue, le tout avec une opiniâtreté persévérante. Mais le type déséquilibré se manifeste par une tendance à la paresse, à la passivité, partisan du moindre effort, entêté souvent, indifférent sur le plan affectif.


            En fait la lenteur habituelle de fond explique sans doute que dans la vie moderne trépidante, le carbonique se sent déphasé, décalé, incapable de soutenir le rythme demandé, ce qui peut expliquer de nombreuses peurs, un repli sur soi.


L'appareil bucco-dentaire:

Bertrand de NEVREZE (1877-1951) a particulièrement étudié ces problèmes car il était médecin, stomatologiste, homéopathe et professeur d'orthodontie. On peut résumer ainsi ses travaux sur la morphologie bucco-dentaire du carbo-calcique:

  

Noter à gauche la forme "carrée" des incisices  et leur blancheur.


Noter à droite l'abrasion des dents chez un bréviligne âgé du fait de hyperminéralisation de l'os alvéolaire


  

LA CONSTITUTION PHOSPHORIQUE


            Tout se passe comme si la réponse immunitaire aux toxines héréditaires n'était pas préparée. Henri BERNARD et Roland ZISSU ont émis l'hypothèse d'une insuffisance hépatique congénitale qui expliquerait que la défense anti-toxique du foie serait vite débordée et que l'organisme n'aurait d'autre moyens défensif qu'une accélération du métabolisme. Ce qui se traduit en clinique par la mise en œuvre du mode réactionnel tuberculinique avec une augmentation des oxydations et une très grande consommation de minéraux. Les conséquences en seraient, entre autres, une hyperthyroïdie avec une répercussion sur la croissance et l'élaboration d'un biotype longiligne.


Morphologie

            La taille est supérieure à la moyenne avec un développement tout en longueur au détriment de la largeur. L'accélération du métabolisme explique que le sujet n'a pas les moyens de grossir, il est donc maigre ou mince, et maigrit encore à la moindre occasion pathologique.


            Le visage est triangulaire avec prédominance de l'étage supérieur, ce qui correspond au type cérébral de SIGAUD. C'est l'exemple de Valéry GISCARD D'ESTAING, dont le biotype longiligne est opposé à celui de son ancien Premier ministre, R. BARRE. A la bradycéphalie de ce dernier s'oppose la dolicocéphalie du longiligne.  Les mains sont longues, notamment les doigts qui sont plus longs que la paume. Habituellement le bras et l'avant-bras forment un angle plat.


Autre différence: à l'hypolaxité ligamentaire du bréviligne s'oppose l'hyperlaxité ligamentaire du phosphorique qui explique sa démarche souple, souvent élégante, mais aussi quelques difficultés articulaires comme la tendance à se tenir voûté, les pathologies de la colonne vertébrale.


 

Les tendances pathologiques:


            Il est toujours intéresser de noter que le phosphorique est la plupart du temps opposé au carbonique. Alors que ce dernier réagit avec lenteur à n'importe quelle agression, le phosphorique réagit vite, mais n'a pas les moyens d'une réaction de longue durée. Et il est amusant de souligner la correspondance avec la flamme du phosphore qui brûle vite mais pas longtemps.


            Il en résulte que le phosphorique s'épuise rapidement, aussi bien au cours d'un épisode pathologique = anémie, pâleur, asthénie brutale, amaigrissement, etc…, que même simplement au cours d'un effort intellectuel = enfant incapable de soutenir un effort mental prolongé, qui a donc besoin de pauses.


            La mise en œuvre du mode tuberculinique préférentielle chez le phosphorique explique l'instabilité thermique (sujet frileux, qui a besoin d'oxygène, qui craint l'air confiné ou la chaleur d'une pièce…). Ce mode explique aussi les congestions veineuses très fréquentes, à chaque épisode pathologique, comme si ce mode, ayant besoin de minéraux, les prenait aux cellules, leur destruction consécutive entraînant des déchets qui encombrent la circulation veineuse.


            Le phosphorique est toujours menacé par des perturbations des minéraux. IL en a besoin plus que d'autres pour faire face à ses réactions défensives. Les minéraux peuvent manquer au moment de la minéralisation des dents, qui en porteront les stigmates pour le restant de la vie.


            Dans tous les cas de figure, le phosphorique est guetté par la déminéralisation et le rachitisme, qui peuvent aller, dans les cas extrêmes jusqu'à la cachexie.


Le comportement neuro-psychique: 


            Deux caractéristiques = l'hypersensibilité et la fatigabilité. On retrouve l'image de la flamme du phosphore = vite exalté mais vite épuisé. D'où un comportement cyclothymique, avec aucune endurance physique et mentale. La première conséquence est que la réussite d'une action est conditionnée à une courte durée, elle doit est réalisée dans la phase d'exaltation. Là encore c'est tout le contraire du carbonique. On peut rappeler que Frédéric CHOPIN, typiquement phosphorique, tuberculinique et même tuberculeux n'a produit que des œuvres musicales de courte durée, car il était sans doute incapable de soutenir un effort de création durable.


            Ces caractéristiques expliquent que deux types de phosphoriques s'oppose = le type supérieur peut être un artiste génial, un intellectuel brillant, mais la productivité souffre d'irrégularités.  Le type déséquilibré donne un ambitieux, beau parleur mais superficiel, capricieux, guetté par la dépression mélancolique dès lors qu'une période de lucidité lui fait prendre conscience de la vanité de sa vie.



L'appareil bucco-dentaire:

  

LA CONSTITUTION FLUORIQUE



            C'est la troisième constitution de NEBEL, mais par la suite elle a été rétrogradée par Henri BERNARD puis par Roland ZISSU au rang de constitution secondaire, parasitant les autres de stigmates fluorés (constitutions mixtes sulfo-fluorique, carbo-fluorique et phospho-fluorique).


L'explication de cette constitution appelée aujourd'hui dystrophique fait appel à l'action dystrophique de la toxine syphilitique ou des facteurs luétiques.


Morphologie:

            La silhouette massive et tout en épaisseur du carbonique, ou celle tout en longueur et maigre du phosphorique laissent la place à des sujets de taille et de poids variables dont les traits communs sont l'asymétrie plus ou moins prononcée et l'hyperlaxité ligamentaire, ici au maximum. On associe souvent à ce biotype l'image du polichinelle, capable de positions extrêmes. certes, tous les fluoriques ne sont pas aussi caricaturaux et même on peut affirmer que la plupart des danseurs et danseuses répondent à ce biotype, ce qui souligne la grâce ou la beauté du corps.


            Malheureusement, dans les cas critiques, les malformations ostéo-articulaires sont plus ou moins importantes, l'hyperlaxité ligamentaire prédispose aux pathologies articulaires précoces et parfois graves.

  

Les tendances pathologiques:


            Le fluorique est par nature prédisposé aux troubles de la croissance = déformations osseuses, malformations, pathologies osseuses précoces et graves, notamment de la colonne vertébrale. L'hyperlaxité ligamentaire s'accompagne d'un relâchement des fibres élastiques, expliquant une prédisposition aux troubles vasculaires, dont les anévrismes, les varices, etc…, sans oublier une très nette tendance aux inflammations à évolution ulcéro-nécrotique (en particulier aux aphtoses buccales).


            Enfin, le fluorique est prédisposé à l'induration des glandes et des ganglions, à la sclérose précoce, aux déformations osseuses de toutes natures (rhumatismes déformants en particulier).


Le comportement neuro-psychique:


            Deux termes le définissent = l'instabilité et le paradoxe. Alors que le phosphorique peut donner une impression d'instabilité qui n'est que l'expression de la fatigabilité, à l'opposé du carbonique qui évoque le contraire, c'est-à-dire la stabilité par la lenteur et la régularité, le fluorique est un instable par nature, ce qui se traduit par l'indécision, l'agitation physique et mentale. La paradoxe s'exprime par des réactions inappropriées à la situation, parfois farfelues, versatiles et éphémères. Sans exagération ni systématisation.


            L'ensemble de ce comportement explique deux types = le premier équilibré peut correspondre à un sujet à l'intelligence intuitive, aux idées géniales et lumineuses mais la réalisation doit être rapide du fait de l'instabilité, à comparer à la même situation chez le phosphorique vite fatigué. Mais le type déséquilibré peut donner un sujet caractériel, asocial,  enclin à la débauche et aux perversions de toutes sortes.


L'appareil bucco-dentaire:


            On trouve tout chez le fluorique, comme à la Samaritaine = denture normale, maxillaires parfaitement développés. Ou malformations dentaires, alvéolaires et maxillaires de toutes sortes. Les anomalies de forme, de nombre et d'implantation sont fréquentes = centrales énormes et latérales minuscules, dents supplémentaires ou absentes.


            Les dents peuvent être bien minéralisées, mais on trouve chez les sujets fluoriques une nette tendance aux anomalies de l'émail, à l'image de la fluorose chronique. De plus, l'os alvéolaire peut être mal minéralisé et c'est la voie aux maladies parodontales si fréquentes chez ces sujets. Fragilité des racines dentaires et os alvéolaire peu minéralisé expliquent la facilité des avulsions mais aussi quelques risques, comme le refoulement d'un apex de prémolaire dans le sinus maxillaire.

  

Carbonique

Phosphorique

Fluorique

CONCLUSION


         Ces conceptions des constitutions "minérales" proposées par Antoine NEBEL ont été une modernisation des thèses des maladies "miasmatiques" d'HAHNEMANN. Elles ont trouvé auprès des homéopathes contemporains un retentissement considérable.


            Comme toujours dans les sciences médicales, comme en science tout court, les conceptions ont été profondément modifiées et évoluent . Tous les homéopathes n'adhérent pas à ces thèses, n'y trouvant pas d'intérêt en pratique, sans doute parce qu'on ne rencontre le plus souvent que des biotypes mixtes.


            Dans le chapitre "Conceptions du Terrain en homéopathie", les évolutions sont décrites en détail.

 

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