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LE TRAITEMENT HOMEOPATHIQUE

DES APHTOSES BUCCALES

Dans son livre « Homéopathie en Odonto-stomatologie » (1974), Jean MEURIS écrivait dans son chapitre sur « L’aphtose » :


« Alors que l’école officielle est pratiquement désarmée dans le traitement de l ‘aphtose, nous obtenons des guérisons définitives de cette affection récidivante, dès le moment où, selon la conception homéopathique, nous considérons et les phénomènes locaux et les signes généraux du terrain ».

Et bien nous partageons totalement cette opinion. Au cours de l’année 1969, nous avons eu personnellement un cas rebelle et c’était alors notre première prescription homéopathique dans un cas chronique. Le médicament de fond était THUYA. Et le succès a été éclatant, étonnant pour la patiente qui avait subi en vain toutes sortes de traitements classiques, encore plus étonnant pour le praticien néophyte en homéopathie. C’est ce cas précis qui a motivé notre thèse de doctorat en chirurgie dentaire en 1973. Et depuis nous avons suivi quelques dizaines de cas et nous pouvons corroborer l’affirmation de notre regretté confrère Jean MEURIS.


            Dans ces cas d’aphtose buccale, comme dans les autres pathologies, la méthode homéopathique doit s’appliquer avec la même rigueur. Si le patient arrive à la consultation au moment d’une poussée aiguë, il faut noter tous les symptômes locaux qui se rapportent à cette poussée, y compris éventuellement les signes concomitants extra-buccaux. Ensuite dans une deuxième consultation, l’anamnèse, les signes de comportements, les signes ou symptômes généraux seront recherchés minutieusement et c’est sur l’ensemble que l’on proposera le traitement de fond. Pour un praticien exercé, le recours au répertoire n’est pas toujours nécessaire. Sinon, voici ce que propose le Répertoire de KENT :



Médicaments au degré fort:                                                                        


ARSENICUM ALBUM +++, BAPTISIA TINCTORIA, BORAX +, KALI CHLORICUM, MERCURIUS SOLU­BILIS ++++, MERCURIUS CORROSIVUS ++, MURIATIC ACID., NUX VOMICA +++, SULFUR +++, SULF

MU­RIC ACID.



Médicaments au degré moyen: (en caractères gras ceux qui semblent plus souvent rencontrés)


Aethusa cynapium, Arsenicum jodatum, Arum triphyllum, Berberis vulgaris, Calcarea carbonica, Carbolic acid., Carbo animalis, Carbo vegetabilis, Digitalis, Ferrum metallicum, Helleborus niger, Hepar sulfur, Iodum, Juglans cinerea, Kali arsenicosum, Kali bichromicum, Kali bromatum, Kali carbonicum, Kreosotum, Lachesis, Lactic acid., Lycopodium, Magnesia carbonica, Myrica cerifera, Natrum aceticum, Natrum muriaticum, Nitri acid., Plumbum, Staphysagria.


Médicaments au degré faible:


Acetic acid., Agaricus muscarius, Allium sativum, Alumina, Anantherum muriaticum, Apis mellifica, Argentum metallicum, Asimina triloba, Aurum metallicum, Aurum muriaticum, Aurum sulfuratum, Bromium, Bryonia, Cantharis, Capsicum, Carboneum sulfuratum, Caulophyllum, Ceanothus americanus, Chamomilla, China, Chini­num arsenicicum, Chlorum, Cicuta virosa, Clematis erecta, Cocculus, Cornus circinata, Cubeba officinalis, Dulcamara, Gambogia, Hydrastis, Kali iodatum, Kali sulfuricum, Lac caninum, Lac defloratum, Natrum carbonicum, Natrum hypochlorosum, Nux moschata, Oxalic acid., Phosphorus, Phytolacca, Plantago, Ranuncu­lus sceleratus, Salicylicum acid., Sanicula aqua, Sarsaparilla, Secale cornutum, Silicea, Terebenthina, Thuya, Vinca minor.


Aphtes chez les enfants : BORAX, Cascarilla, Kali chloratum, MERCURIUS SOL., Muriatic acid., Nux moschata, Nux vomica, Plantago, Saccharum officinalis, Sulfur, SULFURIC ACID.


Les médicaments oubliés dans le répertoire (du moins dans la liste principale), que l’on trouve çà et là dans les ouvrages :


Agave americana, Arum dracontium, Aurum arsenicum, Baryta carbonica, Cadmium sulfuratum, Calcarea silicata, Cina, Colchicum, Drosera, Illicium, Ipeca, Kali ferrocyanatum, Kali muriaticum, Luesinum, Malandrinum, Mandragora, Medorrhinum, Mercurius cyanatus, Natrum sulfuricum, Nitri spiritus dulcis, psorinum, Picinus, Spongia tosta, Sempervivum tectorum, Sulfur iodatum, Tarentula cubensis, Tarentula hispanica, Zincum metallicum.


Nota : NITRI SPIRITUS DULCIS est le seul médicament indiqué par Constantin HERING pour « des aphtes après avoir mangé du fromage ». SEMPERVIVUM TECTORUM est conseillé  par Pierre SCHMIDT  lorsque l’observation clinique ne donne aucun signe ou symptôme suffisant.

  

LES DIX MEDICAMENTS AU "DEGRE FORT"

du Répertoire de Kent

(par ordre alphabétique)



          Dans notre version du programme informatisé AIDE-HOMEO, nous avons 121 médicaments indiqués dans l’aphtose buccale. Il n’est donc pas possible de les détailler tous, mais nous l’avons fait dans un polycopié de l’A.O.S.H. Voici quelques commentaires sur les médicaments au degré fort.


ARSENICUM ALBUM


      Remède  d'utilisation  quasi-quotidienne  dans  les  processus  de  nécrose, c'est aussi un remède de gingivite ulcéreuse et buccale soit aiguë, soit chronique. Il faut y penser chaque fois qu’un processus lésionnel tend à l’aggravation locale ou générale. L'aphtose  d'ARSENICUM  ALBUM: aphtes de coloration bleuâtre, accompagnés très souvent d’une gingivite hémorragique, avec une hypersalivation fétide, un goût de pourriture, des douleurs brûlantes améliorées par les bains de bouche chauds, aggravées par le froid. Les ulcérations  peuvent  avoir un  aspect  inquiétant.  Malgré  la salivation,  le patient peut ressentir une sensation de bouche sèche, les lèvres sont  sèches et fendillées, le patient a une soif de petites quantités d'eau froide, mais répétées souvent.


      ARSENICUM ALBUM peut être donné sur ce tableau clinique, ou chaque fois qu'un état local évolue vers l'aggravation, avec atteinte éventuelle de l'état général. Cette aphtose peut être rencontrée au cours de troubles digestifs du genre « intoxication alimentaire » (glaces, fruits de mer, conserves, aliments plus ou moins avariés). Le donner alors en 7 CH une fois par jour.


      ARSENICUM ALBUM peut être également le remède d’une aphtose chronique dont l’une des caractéristiques est la périodicité, l’autre l’alternance = la poussée d’aphtes peut faire suite à un asthme ou à une bronchite, ou encore à un eczéma. On reconnaît là le mode réactionnel psorique. Mais cela ne suffit pas encore. Le sujet répondant à ARSENICUM ALBUM est toujours un anxieux, notamment pour sa santé, un agité (il ne reste pas en place du fait de son anxiété), mais aussi un asthénique et un frileux. Bien entendu, il ne faut pas penser trouver tous ces signes au degré fort lors d’une poussée d’aphtose buccale. Mais celle-ci peut survenir après une maladie plus grave pour laquelle le patient a éprouvé des craintes plus ou moins fondées pour son issue. Mais on retrouve des traits de caractère et de comportement comme la méticulosité, la maniaquerie, de même que les modalités d’aggravation par le froid, entre 1h et 3h du matin, l’amélioration par les boissons chaudes. On trouve également la tendance aux éruptions cutanées furfuracées, pruriantes que le grattage améliore mais des sensations de brûlure succèdent. Dans ce contexte, il faut donner une moyenne (9 CH) ou une haute dilution (15 CH) une à deux fois par semaine.


BAPTISIA TINCTORIA :


      En près de 30 ans de pratique homéopathique, nous n’avons jamais rencontré un cas relevant de l’indigo sauvage, pourtant mentionné au degré fort dans le répertoire de Kent. Il semble que ce médicament était utilisé autrefois dans des cas de maladies infectieuses graves avec une atteinte profonde de l’état général, une grande prostration, de la confusion mentale.


BORAX :


      Ce médicament est cité dans tous les ouvrages de vulgarisation de l’homéopathie comme pratiquement le seul médicament d’aphtose buccale. Il est évident que nous ne pouvons nous associer à cette systématisation. A notre avis, ce médicament concerne surtout l’aphtose buccale du nourrisson. La matière médicale affirme que le bébé refuse toute nourriture en raison des douleurs que la tétée provoque. Mais personne n’a pu interroger un nourrisson. Mais c’est sans doute vrai car l’enfant plus grand a les mêmes douleurs. Ce qui est plus sûr, c’est que l’enfant crie lorsqu’on le couche, par anxiété des mouvements de descente. Un signe concomitant à la poussée d’aphtes est une diarrhée jaunâtre. Un autre est une hyperesthésie aux bruits. Dans ce contexte, on donne BORAX de 5 à 9 CH deux à trois fois par jour. C’est encore un médicament possible d’aphtose buccal chez une femme ayant de gros problèmes de règles, qui sont douloureuses et chez laquelle on retrouve la crainte des mouvements de descente, ou d’accélération ou de freinage brutaux, qui créent une anxiété. Mais quoiqu’en disent certains ouvrages, ce n’est pas un médicament d’aphtes retrouvé fréquemment.


KALI CHLORICUM :


      Bien qu’indiqué au degré fort pour l’aphtose buccale dans le Répertoire de Kent, le chlorate de potassium reste de prescription assez rare. On retrouve certes le contexte buccal de gingivite ou de stomatite aphteuse ou ulcéreuse avec une muqueuse rouge, une hypersalivation acide. Mais ces troubles buccaux ne sont présents que chez des sujets souffrant de troubles rénaux de type néphrite aiguë ou subaiguë avec albuminurie, oligurie et parfois hématurie et même parfois de troubles pharyngés associés. Ce sont donc des circonstances que le chirurgien-dentiste rencontre pratiquement jamais.

MERCURIUS SOLUBILIS ET CORROSIVUS :


      Avec ce médicament et ses proches, surtout CORROSIVUS, le chirurgien-dentiste se trouve en pays de connaissance. Ce sont sans doute les deux médicaments les plus souvent retrouvés dans les aphtoses buccales. Cela n’est pas suffisant pour les prescrire systématiquement. La pollution par le mercure est à l’ordre du jour et les amalgames ne sont pas les seuls responsables. Mais il s’agit là d’un autre problème.


      La poussée aiguë d’aphtose buccale s’inscrit dans un contexte de gingivite ulcéreuse, avec une hypersalivation nauséabonde, des douleurs brûlantes aggravées par les boissons trop chaudes ou trop froides, une langue sale, flasque et étalée, gardant l’empreinte des dents. Le patient décrit un goût métallique prononcé. L’aggravation nocturne est de règle, la chaleur du lit est mal supportée, elle provoque des sueurs abondantes qui laissent le patient mal à l’aise. Dans ce contexte, il faut donner MERCURIUS SOLUBILIS 7 CH une fois par jour, plus un bain de bouche avec CALENDULA T.M. et PHYTOLACCA T.M. On peut préférer MERCURIUS CORROSIVUS si le tableau local est particulièrement grave : ulcérations plus profondes, douleurs brûlantes plus intenses.


MURIATIC ACID. :


      La présence de chlore explique la grande sécheresse des muqueuses, celle de l’acide la profondeur des ulcérations. Les signes buccaux évoquent ceux des Mercurius, ils sont ceux d’une gingivite ulcéreuse, avec tendance aux fausses membranes et une tendance phagédénique des aphtes. On retrouve la tendance aux hémorragies des acides, une atteinte générale avec prostration, dépression, adynamie, ensemble de signes graves qui faisait de ce médicament un remède de toxi-infections graves. Il y a souvent concomitance d’une poussée d’hémorroïdes très douloureuse avec prolapsus du rectum. On comprend que ce médicament est peu fréquent au cabinet dentaire. Un autre signe concomitant est la sensibilité au soleil (lucite, allergie...). On le donne en 5 à 7 CH deux à trois fois par jour jusqu’à amélioration de la poussée.


NUX VOMICA :


      Voilà un médicament fréquent d’aphtose buccale avec son complémentaire de fond SULFUR. Il convient à des sujets devenus hypersensibles sur le plan sensoriel (intolérance aux stimuli comme le bruit, la lumière, aux odeurs, aux contacts...) et neuro-végétatif (spasmes, hyperréflectivité, hypertension artérielle...). Le tout s’explique par une auto-intoxication induite par un mode de vie défavorable = sédentarité et surmenage, excès alimentaires et d’excitants de toutes sortes (café, tabac, alcool, médicaments...). L’aphtose buccale en elle-même n’a rien de caractéristique, sinon qu’elle s’inscrit dans un contexte de troubles digestifs ou leur fait suite = digestion difficile avec ballonnement, besoin de desserrer la ceinture après le repas, besoin et amélioration par une sieste, constipation spasmodique avec faux besoins urgents et inefficaces, exonération incomplète ou nausées avec antipéristaltisme, puis hémorroïdes douloureuses, etc... . Les céphalées ou les migraines sont fréquentes, concomitantes aux troubles digestifs. Le comportement est également très significatif = sujets de mauvaise humeur dès le réveil, coléreux à la moindre contrariété, irritabilité pour des riens, puis dépression consécutive.


      NUX VOMICA est facile à mettre en évidence. La notion de récidive impose un traitement de fond, surtout avec SULFUR, mais il est nécessaire que le patient accepte de se soumettre à un mode de vie adapté à ses besoins, ce qui est un autre problème.  On le donne généralement en  7 CH une à deux fois par jour.



SULFUR :


      C’est sans doute le médicament le plus important de la matière médicale, c’est sans doute également celui qui possède le plus de symptômes. Il est très fréquemment indiqué dans l’aphtose buccale périodique. Le soufre joue un rôle important sur le plan métabolique car il est présent dans de nombreux systèmes enzymatiques et qu’il est impliqué dans tous les processus d’élimination. Sur le plan homéopathique, il est très souvent indiqué dans les maladies allergiques ou auto-immunes, sans doute du fait de la présence de soufre dans les immunoglobulines (ponts disulfures).     Du fait du rôle des éliminations dans le mode réactionnel psorique, du moins dans sa première phase,  SULFUR se trouve très souvent indiqué comme remède de fond des troubles de cette période d’éliminations centrifuges. L’aphtose est une affection auto-immunes et sans que l’on puisse ici en donner une explication, SULFUR donne d’excellents résultats dans le traitement des aphtoses buccales chez de sujets jeunes particulièrement en équilibre de santé et chez lesquels il est difficile de retrouver deux ou trois symptômes significatifs, en dehors d’une certaine périodicité. Dans ces cas, il faut le donner en 15 CH, une fois par semaine jusqu’à ce que les patients constatent un espacement des poussées. Ensuite, il suffit de le donner en 30 CH une fois par mois pendant environ un an pour voir disparaître complètement cette affection réputée particulièrement récidivante.


      Lorsque le patient est engagé dans une vie sédentaire avec les conséquences déjà décrites de troubles digestifs du type NUX VOMICA, ensuite du type LYCOPODIUM ou SEPIA, on retrouve chez le patient de nombreux signes de SULFUR : les sensations de brûlure à différents endroits, les éruptions cutanées qui peuvent alterner avec des inflammations des muqueuses, une thermophobie progressive aggravée par la chaleur confinée et par la chaleur du lit (il doit sortir les pieds du lit), le prurit sine materia, le désir de sucreries, de boissons alcoolisées, de mets épicés, etc... Dans ce contexte, l’aphtose buccale peut faire partie ou elle peut être interprétée comme une élimination périodique et alternante avec d’autres troubles. On commence alors le traitement par SULFUR 7 CH une fois par jour, s’il y a une constipation, en espaçant les prises et en élevant la dilution au fur et à mesure que l’amélioration perdure. Il est parfois nécessaire de commencer par un complémentaire comme ceux cités plus haut.


SULFURIC ACID. :


      C’est un médicament de gingivite ulcéreuse et d’une manière plus générale d’inflammation des muqueuses avec tendance hémorragique et ulcéro-nécrotique. L’aphtose buccale s’inscrit dans un contexte digestif d’une dyspepsie acide = brûlures de l’estomac, éructations acides et pyrosis, inappétence, gros désirs d’alcool, asthénie générale, aggravation par les boissons froides et améliorations par les boissons chaudes (ce qui rappelle Arsenicum album).


      C’est un remède possible d’aphtose buccale grave chez un alcoolique chronique dont l’état général est très atteint. Les ouvrages ajoutent l’aphtose buccale au cours de l’allaitement aussi bien chez le nourrisson que chez sa nourrice. Ou encore chez des malades débilités par une maladie grave. Il serait également parfois indiqué chez une femme ménopausée comme complémentaire de LACHESIS. On le donne en 5 à 7 CH une à deux fois par jour.

 

Quelques médicaments cités au degré moyen :


          Au  nombre de 29 dans  le Répertoire de KENT,  il  n'est pas possible de les reprendre tous ici, d'autant plus que la plupart d'entre eux ont été décrits dans d'autres chapitres (gingivites et herpès).  Quelquefois la localisation toujours identique peut orienter vers certains médicaments :


Aphtes des gencives: NATRUM MURIATICUM, Hepar sulfur, Sulfuric acid., puis COLCHICUM.

Aphtes du  palais: Calcarea carbonica, Hepar sulfur, Nux moschata, Phosphorus,  puis  Agaricus et Sarsaparilla.

Aphtes de la langue: BORAX, Illicium anisatum, Juglans cinerea, Lachesis, Mercurjus sol., Mercurjus cyanatus, Muriatic acid., Natrum mur., Phos­phorus,  Sulfur,  Sulfuric acid.,  puis  Aethusa  cynapium,  Agaricus, Arsenicum album,  Arum dracontium,  Aurum metal.,  Camphora, Hydrastis, Nux vomica, Oxalic acid., Plumbum, Sarsaparilla, Tarentula et Thuya.


Commentaire  personnella  localisation  ne  doit jamais  être prise comme un impératif,  il  s'agit  tout  au  plus  d'une  indication  supplémentaire,  utile parfois, mais souvent négligeable.



BERBERIS VULGARIS :


Le “génie” de ce médicament s’inscrit dans un contexte de troubles rhumatismaux, hépatiques et rénaux dans lequel apparaît l’aphtose buccale, banale en elle-même.


            On doit retrouver chez le patient, même à degré faible, une grande variabilité des urines (abondance, aspect, concentration, etc...) = urines tantôt abondantes et pâles, tantôt rares et chargées d’un dépôt lui-même variable. Les troubles urinaires s’accompagnent de douleurs lombaires (pires à gauche, le matin au lit, par le mouvement...). La miction est souvent douloureuse (dans les reins, dans les hanches). Remède éventuel de coliques néphrétiques, de lithiase hépatique.


            Au cours de ces troubles urinaires, la lèvre inférieure devient rouge dans sa face buccale avec des taches rouges ou bleuâtres près des commissures. La bouche devient sèche avec une salive épaisse et cotonneuse.



IODUM (l'iode)


            La Matière Médicale précise: "aphtes et ulcérations de la muqueuse buccale, gencives  douloureuses,  spongieuses,  molles,  saignant  facilement,  mauvaise odeur de la bouche, salivation abondante avec mauvaise odeur de la bouche".


            Il s'agit  donc  de  signes  d'une  aphtose  banale,  insuffisants  pour  la prescription. Le sujet IODUM est maigre, boulimique, agité, mais vite fatigué, intolérant à  la chaleur. Il donne tout à fait le tableau clinique de l’hyperthyroïdie. La  boulimie est  caractéristique:  ce  sujet  mange beaucoup, souvent, et pourtant il maigrit. Et surtout, il est agité et anxieux sil  ne mange pas, ou craint de ne pouvoir manger, avec amélioration totale s'il  peut manger.  Ensuite, c'est un sujet qui  a toujours trop chaud, qui est aggravé par la chaleur (chambre, humidité chaude, quand il est trop couvert), amélioré par l'air frais et quand il mange.


            IODUM est  surtout  un remède d'aphtose chronique.  En raison du contexte général, il faut le donner d'abord en 7 ou 9 CH une fois ou deux par semaine, puis en 15 CH tous les 15 jours.



NITRI ACID. :


          Ce médicament a été décrit au chapitre des gingivites. Il suffit de rappeler quelques points : les ulcérations ont des bords surélevés, irréguliers, le fond bourgeonne et saigne facilement. Le patient décrit une sensation de rongement ou d’une écharde plantée dans l’ulcération. C’est le seul médicament indiqué au degré fort pour les ulcérations phagédéniques avec ensuite Arsenicum album, Arsenicum sulfuratum flavum, Capsicum, Mercurius corrosivus, Sulfuric acid. Un signe concomitant fréquent est la tendance aux fissures anales très douloureuses avec toujours la sensation d’écharde, car Nitri acid. à une prédilection pour les orifices. Enfin, le comportement est toujours perturbé dans le sens de l’irritabilité pour des riens, l’hypersensibilité au froid et aux bruits, l’agressivité, l’entêtement, le refus de la consolation, le tout alternant avec une dépression avec lassitude de la vie. Et ne pas oublier que la plupart des troubles sont améliorés lorsque le patient est transporté dans un véhicule. On commence habituellement le traitement par une 7 CH. Et comme ce médicament appartient au groupe des remèdes du mode luétique, il faut associer souvent quelques doses de LUESINUM 30 CH une fois par mois.



KALI BICHROMICUM:


            On dit dans tous les livres que les aphtes de ce médicament sont à bords arrondis et surélevés, profonds comme à l’emporte-pièce. Les  ulcérations apparaissent dans une bouche sèche et brûlante, rouge, avec une salive filante et visqueuse, une haleine fétide.


            Remède aussi bien d’aphtose aiguë que chronique, l’état de la bouche varie alors en conséquence.  Mais la patient éprouve toujours le besoin de racler sa gorge, surtout le matin, pour éliminer des mucosités adhérentes, gélatineuses, filantes qui encombrent le pharynx.


            A noter également, un désir inhabituel de bière dont on se demande ce qu’il vient faire dans ce contexte et c’est justement cela qui le valorise. Dans l’aphtose aiguë, le patient éprouve une grande soif mais l’eau lui paraît avoir un goût désagréable.



KREOSOTUM:


            La créosote de hêtre peut donner un tableau buccal évoquant le scorbut = gencive œdématiée, ulcérée, spongieuse, rouge bleuâtre, très douloureuse, saignement abondant, haleine fétide, salive profuse. Dans les cas chroniques, la nutrition générale est atteinte et les dents se carient rapidement (mélanodontie des enfants dénutris). L’inflammation buccale peut s’étendre à tout le tube digestif.


            A noter également son action au niveau des muqueuses génitales     féminines qui peut faire de KREOSOTUM un remède possible d’aphtose buccale bipolaire, d’autant plus qu’il existe aussi des signes oculaires et cutanés.

            


LACHESIS:


            L’action ulcéro-nécrotique du venin de ce serpent en fait un remède de         nombreux troubles appartenant au mode luétique qui est particulièrement impliqué dans les aphtoses buccales, notamment chez la femme lors des  périodes génitales et chez l’alcoolique délabré.


            C’est un remède possible de l’aphtose buccale cataméniale ou lors de la ménopause climatérique. Cependant, il est nécessaire de retrouver chez la patiente les signes caractéristiques = dépression matinale et excitation vespérale avec loquacité incohérente, thermophobie et intolérance aux vêtement serrés (taille et cou), amélioration par un écoulement physiologique ou pathologique, tendance aux hémorragies, latéralité gauche, etc....


LYCOPODIUM:


            Chez les patients répondant à ce médicament, la fonction hépatique est toujours concernée et impose de retrouver des signes hépato-digestifs, quel que soit le trouble que l’on veut traiter. L’aphtose buccale n’échappe pas à cette exigence. Le comportement est également très important = sujet sensible, manquant de confiance en lui, masquant ce qu’il ressent comme une faiblesse par un comportement tyrannique, surtout avec son entourage. L’aphtose accompagne les troubles digestifs ou  apparaît dans des périodes de surmenage ou de stress importants.



CAPSICUM ANNUUM :


          Ce médicament d’action plutôt limitée devient un peu un remède d’actualité pour une raison simple : il est souvent indiqué chez des sujets déprimés par nostalgie (du pays natal, de la région d’origine, de la maison, de l’ancienne école...), qu’il faut comprendre comme un stress devant une nouvelle situation. L’aphtose buccale en elle-même n’a rien de particulier, les ulcérations provoquent une sensation de brûlure comme par du poivre, ce qui est normal car il s’agit du piment, aggravée par la chaleur locale.

 

LE  TRAITEMENT  DE  FOND

 DES  APHTOSES  BUCCALES



            Chaque fois qu'une affection revient périodiquement chez le même sujet, cela signifie que le traitement symptomatique, efficace sur la dernière récidive n'a pas été suffisant  pour prévenir  la  suivante.  C'est donc que  le remède symptomatique n'est pas le vrai simillimum, mais seulement celui correspondant à une période particulière de la vie du patient. D'où la nécessité de rechercher le  vrai  simillimum à partir des  signes et  symptômes  retrouvés d'une façon constante  dans  l'anamnèse,  car  ce  sont  eux  qui  expriment  la  personnalité réactionnelle du patient. C'est là toute la conception homéopathique du "terrain morbide" ou conception diathésique ou encore des « modes réactionnels ».

            Dans le cadre du présent ouvrage, il n'est pas possible de développer ce chapitre  important.  Il  convient  cependant  d'en  préciser quelques  aspects à partir du traitement de fond des aphtoses buccales.


MODE LUETIQUE ET APHTOSE BUCCALE


            Plus que les trois autres diathèses, le mode luétique est directement concerné par  l'aphtose  buccale  en  raison  de  la physio-pathologie de cette modalité réactionnelle.  Les mécanismes  réactionnels  ne  sont  pas  encore  tout à fait élucidés, mais tout se passe comme si l'organisme réagissant selon le mode lué­tique fixait l'agent pathogène dans les tissus, au prix de processus irritatifs favorisant des micro-endartérites disséminées, aboutissant à des ulcérations et à des nécroses, puis à une cicatrisation par sclérose. Il y a donc là une similitude anatomo-pathologique  ou  lésionnelle  étroite  avec  les  mécanismes de l'aphtose. C'est la raison qui explique que les remèdes de fond de ce mode luétique sont  pratiquement tous des remèdes de fond des aphtoses buccales. Ces remèdes de fond, quels sont-ils ? FLUORIC ACID., MERCURIUS SOLUBILIS, MERCURIUS CORROSIVUS, MERCURIUS CYANA­TUS, ARGENTUM NITRICUM, KALI BICHROMICUM, NITRI ACID., LACHESIS, AURUM METAL­LICUM, PLUMBUM METALLICUM, et le biothérapique LUESINUM.


Remarque:

  



MODE PSORIQUE  ET  APHTOSE  BUCCALE


            Le mode  psorique  est  une modalité réactionnelle vis-à-vis de facteurs d'auto-intoxication chronique par des éliminations accélérées et centrifuges, d'abord par les organes dont c'est la fonction, puis par des émonctoires de suppléance, essentiellement  la peau et  les muqueuses,  accessoirement  les séreuses.  Dans cette perspective, une aphtose buccale peut être interprétée comme une élimi­nation  qu'il  faut  respecter,  c'est-à-dire  ne  pas  entraver.  L'argument  en faveur  de  cette  thèse  est  l'amélioration  générale  par  une  élimination  et l'aggravation  lorsque  celle-ci  est contrariée.  Il  faut  aussi  constater que la  gravité  d'une  aphtose buccale reflète  les difficultés de  l'élimination. Au début,  dans  la phase sthénique, l'aphtose est banale, c'est le stade de SULFUR  avec  ses  complémentaires.  Puis  lorsque  les  émonctoires  deviennent progressivement  insuffisants,  en  même  temps  que  l'organisme subit  l'auto-intoxication,  l'aphtose  devient  plus  tenace,  plus  rebelle  au  traitement. C'est le stade de LYCOPODIUM, GRAPHITES, SEPIA, KALI CARBONICUM puis in fine AMMONIUM CARBONICUM, CARBO VEGETABILIS, PSORINUM.


MODE TUBERCULINIQUE  ET  APHTOSE  BUCCALE


            Le mode réactionnel tuberculinique se développe en deux phases, la première sthénique, la seconde asthénique, se succédant dans le même processus défensif. Lors de la première étape, l'organisme réagit contre un agresseur par une aug­mentation des combustions  et des  oxydations métaboliques,  aboutissant à une brutale  déminéralisation  cellulaire,  d'où  les destructions  cellulaires  et la formation de déchets en résultant, véhiculés dans la circulation sanguine et responsables de congestions veineuses. Dans la deuxième phase, la déshydratation cellulaire, notamment des muqueuses aboutit à un blocage de leur fonction excrétrice, à un amaigrissement durable (c'est pourquoi les remèdes tuberculini­ques ont dans  leur pathogénésie: maigrit tout en mangeant bien. Aussi,  les inflammations  des  muqueuses,  dont  l'une  des  formes  peut  être  une  aphtose buccale, traduisent le résultat de cette lutte organique. La déshydratation des muqueuses perturbent sans aucun doute les mécanismes immunitaires expliquant une tendance aux maladies allergiques ou/et auto-immunes, dont l’aphtose buccale.


            Parmi  les médicaments du mode  tuberculinique  peuvent être considérés comme remèdes de fond des aphtoses: NATRUM MURIATICUM, FERRUM METALLICUM, PHOSPHORUS, SEPIA, IODUM, SILICEA, ARSENICUM ALBUM.


MODE SYCOTIQUE  ET APHTOSE  BUCCALE


            Pendant longtemps, on a considéré la sycose comme une "réticulo-endothé­liose chronique"  (H.  BERNARD).  C'est dire que parmi les facteurs responsables de la mise en oeuvre du mode réactionnel sycotique sont en place importante les facteurs  d'agression  du  système  immunitaire  (infections  répétées,  torpides, tenaces  et  leurs traitements  classiques),  les vaccinations  ou  sérothérapies répétées, les antidépresseurs chimiques, la corticothérapie intempestive, etc... Or,  l'aphtose  buccale  est  une  maladie  auto-immune.  C'est  sans  doute pour ces  raisons  que  de  nombreux  remèdes  sycotiques  sont également des  remèdes de fond des  aphtoses  buccales:  THUYA,NATRUM CARBONICUM, NATRUM SULFURICUM, LACHESIS,  MEDORRHINUM...


Rappel: dans l'individualisation du remède de fond, il ne faut pas rechercher dans  les  remèdes  envisagés  les  signes  de  l'aphtose,  qui  peuvent manquer, puisque l'aphtose aiguë est en principe traitée.